De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani Finalement et comme prévu, hier vers 16 heures, les 5 bateaux algériens ainsi que leurs équipages (30 marins) ont pu quitter le port de Tabarka et sont en route vers l'Algérie. Cet heureux dénouement a été rendu possible grâce à la collaboration des deux parties, algérienne et tunisienne, soucieuses de préserver les relations de bon voisinage entre les deux pays. D'un côté de la frontière comme de l'autre un ouf de soulagement a été poussé et les heurts entre pêcheurs Tunisiens et Algériens ont été évités. Il faut dire que les services consulaires algériens auprès du consulat du Kef ont très vite pris la situation en main (même s'ils communiquent mal avec la presse) et ont réussi à dénouer la crise en intervenant là où il fallait. La nouvelle de la libération des bateaux et des marins a été bien accueillie aussi bien à El Kala qu'à Annaba et Skikda d'où sont originaires les ressortissants algériens.Plus tôt dans la journée d'hier, le Consul de Tunisie à Annaba, que nous avons contacté, avait déjà affiché son optimisme quant au dénouement de la petite crise et a démenti les rumeurs selon lesquelles les garde-côtes tunisiens avaient procédé à la saisie desdits bateaux et placé en garde à vue 30 marins algériens. «Ce ne sont pas les autorités portuaires de Tabarka qui ont interdit aux chalutiers algériens de quitter le port, ce sont les pêcheurs tunisiens qui ont fait un blocus avec leurs embarcations de façon à fermer tous les accès du port et même leurs propres collègues ont été empêchés de sortir en mer. D'ailleurs, et je vous le confirme, il n'y a aucun problème concernant les bateaux algériens bloqués ; bien au contraire les autorités sont en train de tout faire pour permettre aux équipages à bord de leurs bateaux de rentrer en Algérie. M. le vice-consul d'Algérie au Kef s'est rendu sur place. Il a été reçu par le wali de Djendouba et a pu se rendre compte de la situation au port de Tabarka, où il a rencontré les pêcheurs algériens. Nous travaillons de concert avec les services consulaires algériens pour mettre fin à cette situation qui n'est dans l'intérêt de personne, d'autant que nos deux pays ont d'excellentes relations. A l'heure où je vous parle, des informations font état d'un début de dénouement, puisque des barques de pêcheurs tunisiens ont pu quitter le port. Et, dans le courant de cet après-midi, les 5 bateaux algériens bloqués pourront appareiller et mettre le cap sur l'Algérie», dira-t-il.Cette affaire de chalutiers algériens remonte à une dizaine de jours, lorsqu'un bateau de pêche tunisien avait été arraisonné dans les eaux territoriales algériennes, avec à son bord une certaine quantité de corail puisée au large d'El Kala (El Tarf). L'équipage, au nombre de 6 personnes, avait été arrêté et traduit en justice. 3 d'entre eux ont écopé de 3 ans de prison ferme et une forte amende a été infligée aux 3 autres. La réaction des pêcheurs tunisiens à Tabarka a été de bloquer le port de cette ville, empêchant l'entrée ou la sortie de tout bateau, pour exiger des autorités tunisiennes la libération des marins condamnés en Algérie. Parmi les embarcations ainsi séquestrées se trouvaient les 5 bateaux algériens (avec à leurs bords 30 marins), venus effectuer des réparations ou des opérations d'entretien.La nouvelle de cette séquestration de marins algériens a très vite fait le tour de la ville d'El Kala, où les pêcheurs ont, à leur tour, réagi pour protester contre la prise en otage de leurs collègues qui n'avaient à aucun moment enfreint les lois tunisiennes. Comme première mesure prise alors, ils ont décidé de séquestrer tout véhicule tunisien entrant sur le territoire national par les postes frontaliers d'El Ayoun ou d'Oum Teboul et ce jusqu'au retour des bateaux algériens bloqués à Tabarka. Hier, les postes frontaliers algériens ont enregistré une baisse sensible du nombre de véhicules tunisiens entrant sur le territoire national. Ces derniers, d'ordinaire très nombreux à venir s'approvisionner en carburants dans les pompes à essence de la région ou à effectuer des achats du coté de Tadjenanet ou d'El Eulma, se font de plus en plus rares.Côté algérien, nous avons contacté le consulat d'Algérie au Kef, où un agent de permanence nous a appris que le consul est absent et que ses services sont fermés le samedi. Nous lui avons pourtant expliqué la situation et l'avons informé que c'est aussi le cas en Algérie et le consul de Tunisie à Annaba nous a malgré tout répondu mais l'agent de permanence n'a rien voulu savoir et nous a «conseillé» de prendre attache le lundi.