De notre envoyé spécial à Tunis Smaïl Boughazi L'Agence allemande pour la coopération internationale GIZ, en collaboration avec la Banque mondiale et la Banque africaine pour le développement ont organisé, les 21 et 22 septembre derniers, un séminaire sous le thème «les institutions supérieures de contrôle et les médias ISC, alliés pour une meilleure performance gouvernementale». Cette rencontre s'est voulue un espace d'échange et de concertation dans le but de mettre en place des systèmes de communication fiables et capables de faire participer les citoyens dans la vie publique. Les organisateurs ont jugé, dans un document de présentation, que «l'un des principaux éléments déclencheurs de la vague d'indignation récente dans le Maghreb est la performance insuffisante des dirigeants dans les domaines qui ont un impact direct sur les conditions de vie des citoyens». Ce qui résume l'importance d'établir des liens solides entre les deux parties (institutions supérieures de contrôle et médias). C'est pourquoi, pour GIZ, le contrôle citoyen est tributaire des médias étant donné que «les informations transmises par des intermédiaires doivent satisfaire à certains critères de qualité, de façon à permettre aux ISC de d'orienter leur communication en fonction des besoins de ces relais et les intermédiaires doivent avoir des connaissances approfondies en la matière». Durant les travaux de cette rencontre, il faut dire que les échanges entre les deux parties étaient fructueux, puisque une compréhension commune s'est dégagée des débats, des propositions aussi ont été formulées pour solidifier cette relation. Il est vrai qu'il s'agit là d'une question centrale dans le contrôle des politiques publiques, toutefois même les représentants des ISC (tunisiens, marocains et mauritaniens) ont avoué ne pas accorder trop d'importance à ce volet. Une telle situation ne ferait que compliquer la tâche aux ISC qui devraient s'ouvrir davantage en direction de la société. Et pour cela, un chapelet de suggestions et de recommandations a été proposé par les participants afin de revoir de fond en comble cette relation et permettre aux deux camps de faire leur travail. Les médias ont revendiqué ainsi le droit d'avoir l'information au moment voulu et opportun, de connaître les secteurs audités, avoir un contact permanant avec les ISC, et de pouvoir bénéficier de formation afin de simplifier et clarifier les données publiées particulièrement dans les rapports des Cours des comptes et de mettre en place des mécanismes de manière à permettre aux médias d'avoir l'accès à l'information. Les représentants des ISC ont, pour leur part, invité les médias à fournir une information «juste et objective» aux citoyens et de s'abstenir de faire dans «le sensationnel et le scoop». Cette rencontre a permis aussi de dévoiler certains modes de participation de la société civile dans l'action de contrôle des politiques publiques, notamment en Amérique latine. Globalement, les contacts entre les médias et les ISC ont mis à nu le déficit en communication de nos organismes publics appelés d'ailleurs à fournir un peu plus d'efforts pour être au service du citoyen. Ces derniers pourront ainsi exercer leur rôle de contrôler l'action et les finances publiques.