Les combattants du nouveau régime libyen ont annoncé avoir pris le port de Syrte et se prépareraient à entrer dans Bani Walid, deux villes toujours tenues par les forces considérées comme fideles à Kadhafi. L'annonce maintes fois répétée est symptomatique des difficultés des nouveaux maîtres du pays à normaliser une Libye encore fragile. Les discussions pour tenter de surmonter les dissensions internes et former un gouvernement se poursuivent au sein du Conseil national de transition (CNT). L'annonce est maintes fois ajournée. Les dissensions internes marquent toujours un organe politique transitoire hétéroclite. L'annonce du gouvernement de transition était attendue initialement le 18 septembre, mais retardée en raison des sempiternelles divergences entre les membres du CNT et son bureau exécutif. Les luttes intestines pour le pouvoir dans la Libye poste Kadhafi semblent commencer à être plus prononcées. Mustapha Abdeljalil a beau affirmer que la priorité pour lui est la libération de tout le territoire et le rétablissement de la sécurité, le partage du pouvoir divise encore les différentes tendances du CNT. La situation demeure toujours difficile d'autant plus que l'ancien homme fort de la Libye, Mouammar Kadhafi, est toujours introuvable. Il vient de se manifester, dans un message diffusé sur une radio de Bani Walid, assurant qu'il souhaitait mourir en martyr dans son pays. «Je suis parmi mon peuple et les prochains jours réservent à cette clique d'agents un choc inattendu» dira Kadhafi. A Syrte, dans la région natale de Kadhafi, autre ville qui résiste, les combats se poursuivent. Cette ville de 70 000 habitants, située à 360 km à l'est de Tripoli, reste néanmoins prise en tenailles par des combattants du CNT, qui avancent par l'est et par l'ouest. L'un des fils de Mouammar Kadhafi, Mouatassim, y dirigerait les opérations. A l'ouest de Syrte, les pro-CNT ont subi un bombardement intense des forces de Kadhafi, mais les positions n'ont pas évolué. Sur le front de Bani Walid, vaste oasis au relief accidenté à 170 km au sud-est de Tripoli, l'intensité des tirs des opposants ont obligé les combattants à se retirer de certaines zones. Depuis la chute de Tripoli fin août, Syrte et Bani Walid restent deux zones récalcitrantes aux troupes du CNT. Les pro-Kadhafi, opposant une résistance farouche, sont visés par les frappes de l'Otan, qui se poursuivent toujours. Cette situation de guerre complique la situation humanitaire en Libye. Le coordonnateur humanitaire de l'ONU, Panos Moumtzis, a fait part de sa «très grande préoccupation» face aux événements sur le terrain. Des milliers de civils ont fui les deux villes provoquant ainsi l'inquiétude généralisée. Selon l'ONU, 24 000 personnes ont quitté Bani Walid et près de 2 000 Syrte. La ville est privée d'eau, d'électricité et de nourriture. La nouvelle Libye a du mal à trouver la stabilité. M. B.