Suite de la page 1 Selon HRW, qui a visité 20 centres pénitentiaires à Tripoli et interrogé 53 prisonniers, «des détenus font état de mauvais traitements dans six prisons, indiquant notamment avoir été passés à tabac et avoir reçu des électrochocs». Des milliers de personnes ont été arrêtées depuis la chute de Tripoli fin août, en particulier des Libyens à la peau noire ou des Africains subsahariens accusés d'avoir combattu aux côtés des forces de l'ancien «Guide», affirme l'organisation. HRW a aussi appelé le CNT, et ses soutiens internationaux, à mettre sur pied sans délai un système judiciaire capable de traiter la situation de tous ces prisonniers. Aucun de ceux rencontrés par l'organisation n'avait encore été présenté à un juge. Cette situation risque de s'aggraver d'autant plus que la désignation d'un gouvernement de transition a été repoussée à l'après «libération totale», en raison de profondes divergences au sein du CNT, entre islamistes et libéraux. Ces derniers ont été isolés et commencent à battre en retraite puisque leur chef de fil, Mahmoud Jibril, a annoncé qu'il ne ferait pas partie du prochain gouvernement, mettant à jour les luttes de pouvoir au sein du nouveau régime libyen. En effet, après plusieurs semaines d'une campagne féroce menée par les islamistes contre M. Jibril, qui fait office de Premier ministre, ce dernier a créé la surprise jeudi dernier en déclarant qu'il prévoyait de se retirer. Pour Ouahid Berchan, un proche des islamistes, à la tête du Conseil régional de Gharyane, «les islamistes ont réussi à éloigner Jibril, c'est maintenant au CNT de diriger la suite des opérations en formant un gouvernement qui représente vraiment toute la Libye». M. Jibril a été souvent accusé, en particulier par les islamistes, de multiplier les déplacements à l'étranger au détriment du travail de terrain. Les islamistes, qui bénéficient d'un soutien grandissant en Libye depuis le début de la révolte populaire contre Mouammar Kadhafi en février, se présentent sous un visage modéré et se disent prêts à partager le pouvoir dans le cadre d'un Etat démocratique. Le chef du CNT, Moustafa Abdeljalil, n'a cessé de répéter que même si l'Islam devait être la principale source de la législation en Libye, le pays n'accepterait aucun extrémisme. L'un des responsables islamistes libyens, Cheikh Ali Sallabi, qui a le soutien du Qatar, qui a financé et armé une bonne partie des combattants anti-Kadhafi, a cependant récemment vivement attaqué M. Jibril, l'accusant de jeter les bases d'un Etat totalitaire.