Les personnes suspectées d'avoir combattu au sein des forces loyalistes, en particulier les Noirs et les Africains sub-sahariens, sont en situation de “grand risque” en Libye, s'alarme mardi Amnesty International (AI) qui a constaté des cas de mauvais traitements. “Les personnes suspectées d'avoir combattu pour le colonel Mouammar Kadhafi, en particulier les Libyens noirs et les Africains sub-sahariens, sont en situation de grand risque, (menacées) de mauvais traitements par les forces anti-Kadhafi”, écrit Amnesty dans un communiqué. “Lors des visites dans des centres de détention à Zawiyah et Tripoli aujourd'hui, Amnesty a appris qu'entre un tiers et la moitié des détenus étaient des Africains sub-sahariens”, dit l'organisation, qui indique aussi avoir été témoin lundi de scènes lors desquelles “des Libyens noirs étaient pris pour cible à Tripoli” par des forces anti-Kadhafi. “Une délégation d'AI, qui visitait l'hôpital central de Tripoli, a vu trois thouwars (rebelles) tirer un patient noir, originaire de la ville de Tawargha, de son lit et le détenir”, selon le texte. “Les thouwars ont dit que l'homme serait amené à Misrata (est de Tripoli) pour y être interrogé, arguant du fait que ceux qui menaient les interrogatoires à Tripoli laissaient les tueurs libres". "Les forces anti-Kadhafi ont prévenu deux autres Libyens noirs, traités à l'hôpital pour des blessures par balles, que leur tour viendrait. La délégation a aussi vu un groupe de thouwars battre un homme à l'extérieur de l'hôpital", selon la même source. “Les Sub-sahariens sont particulièrement vulnérables aux mauvais traitements. Beaucoup risquent des représailles du fait des allégations selon lesquelles les forces pro-Kadhafi ont utilisé des mercenaires africains pour commettre d'importants abus durant le conflit”. Amnesty salue les appels du Conseil national de transition (CNT) à “traiter les détenus avec dignité et à ne pas mener d'actes de représailles (...) Mais le conseil doit faire plus pour s'assurer que ses combattants ne maltraitent pas les détenus”. “Les combattants ayant participé à des mauvais traitements devraient être immédiatement relevés de leurs fonctions le temps de l'enquête” ; “tous les crimes (...) doivent faire l'objet d'enquêtes et les responsables être jugés”.