Le film "Ici on noie les Algériens - 17 octobre 1961" de Yasmina Adi sera projeté dimanche à Alger à la salle El Mouggar, à la faveur de la commémoration du cinquantenaire de la violente répression de la manifestation d'Algériens à Paris, sur ordre du préfet de police Maurice Papon. Cette projection sera précédée samedi par une séance réservée à la presse et qui sera accompagnée d'un débat en présence de la réalisatrice et de témoins de ce drame, a indiqué vendredi Yasmina Adi à l'APS. Ce film, le deuxième qu'elle réalise après le documentaire "L'autre 8 mai 1945 - Aux origines de la guerre d'Algérie", a été projeté mercredi dans plusieurs salles de cinéma à Paris. Inscrivant son travail dans une démarche mémorielle, Yasmina Adi livre au spectateur un document exceptionnel de 90 mn, alliant images d'archives inédites et témoignages des rescapés du massacre d'Algériens sortis protester pacifiquement en ce soir du 17 octobre 1961, contre le couvre-feu discriminatoire qui leur a été imposé. Une répression occultée en France et souvent confondue avec la manifestation du 8 février 1962 dite de Charonne. Menant pendant deux ans un travail de fourmis, s'appuyant sur des articles de presse, de documents radiophoniques inédits, la réalisatrice plonge le spectateur dans l'atmosphère terrifiante de l'époque à travers de nombreux témoignages des survivants de cette répression d'une rare violence et de français mêlés, malgré eux, à ce drame qui s'est déroulée en plein cœur de Paris. Ainsi en est-il du témoignage du conducteur de la RATP chargé de conduire les Algériens vers des centres de détention sur ordre de la police ou celui d'un agent hospitalier de Sainte Anne relatant dans quelles conditions les médecins et le personnel hospitalier sont parvenus à faire sortir des femmes algériennes menées à l4hôpital psychiatrique de Sainte Anne pour y être internées. Plusieurs témoins ont également été cités qui, chacun avec la singularité de son parcours, raconte avec dignité son drame personnel après avoir perdu époux, frère ou père. Les femmes et hommes ayant pris part à cette manifestation réprimée dans le sang, ont apporté des témoignages concordants qui attestent des violences subies par les Algériens de la part d'une police raciste et déchaînée, des morts jetés dans la Seine, et confirment le caractère pacifique de la manifestation.