Le dernier film de la réalisatrice Yasmina Adi sur les massacres du 17 octobre 1961 à Paris, Ici on noie des Algériens - 17 Octobre 1961, sortira prochainement en salle, à la faveur de la commémoration du cinquantenaire de la violente répression de la manifestation d'Algériens, sur ordre du préfet de police Papon. A l'appel du Front de Libération nationale (FLN) des milliers d'Algériens venus de Paris et de toute la région parisienne, sont sortis manifester contre le couvre-feu discriminatoire qui leur était imposé et réclamer l'indépendance de l'Algérie. Cette manifestation pacifique fut sauvagement réprimée par les forces de police du préfet Maurice Papon. Les historiens évoquent des milliers d'arrestations, des dizaines d'assassinats, des manifestants jetés dans la Seine, des centaines d'expulsions et autant de plaintes restées sans suite. Il n'y eut ni enquête, ni procès et encore moins de commémoration. Cinquante ans après, la cinéaste met en lumière ces vérités encore taboues. Mêlant témoignages et archives inédites, histoire et mémoire, passé et présent, le film de 1h30, retrace les différentes étapes de ces événements, et révèle la stratégie et les méthodes mises en place au plus haut niveau de l'Etat colonial : manipulation de l'opinion publique, récusation systématique de toutes les accusations, verrouillage de l'information afin d'empêcher les enquêtes. «L'avant-première de ce film documentaire, sera projetée le 17 octobre à Paris et nous prévoyons d'organiser une séance simultanée à Alger. Sa sortie en salle à Paris est prévue le 19 octobre, alors qu'une autre projection est programmée le 20 octobre à Toulon», a précisé la réalisatrice à l'APS. Yasmina Adi, auteur du documentaire L'autre 8 Mai 1945 - aux origines de la guerre d'Algérie, réalisé en 2008, a voulu réaliser ce nouveau documentaire «pour que la vérité remplace les non-dits et pour faire émerger la dimension politique et humaine de cet épisode trop longtemps tu». Ce documentaire, qui a représenté deux ans de travail, est passé par une longue enquête impliquant la recherche d'archives et témoins, des rapports officiels, des articles de presse, des archives filmées et radiophoniques, ainsi que des documents inédits. Pour retrouver les témoins de ces répressions, Yasmina Adi, a collaboré avec les associations, les mairies, et passé des appels à témoins et par le bouche-à-oreille. «Parmi les témoins algériens, peu d'entre eux avaient jusqu'alors évoqué cette histoire. Sortir de l'anonymat, faire le récit de ces événements devant une caméra, sur les lieux où ils se sont déroulés, leur ont demandé beaucoup de courage», a-t-elle dit, ajoutant que ces témoignages sont autant de moments très riches en émotion. APS