Ce qui devait être un exercice plutôt difficile, fut une simple formalité pour le ministre de la Santé et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès, qui était, hier, l'hôte de la Commission de santé et des affaires sociales de l'Assemblée populaire nationale (APN). Il s'en est bien sorti, il ne manquait que les félicitations, lui qui a versé dans l'autosatisfaction alors que son secteur ploie sous le poids des pénuries, des dysfonctionnements, etc.Il faut reconnaître que les députés membres de la Commission de la santé ont manqué terriblement de cran en n'«osant» pas interpeller le ministre sur les innombrables carences qui rongent le secteur de la santé. Au lieu d'interpeller le ministre directement, les députés ont préféré le faire en aparté… et ils ont des choses à lui dire. C'est le cas de deux députés qui ont fait part des contrevérités égrenées quelques instants auparavant par un Ould Abbès plutôt à l'aise dans cet exercice que d'aucuns assimileraient à une pénible épreuve.Un député «indépendant» a désavoué le ministre à propos de la disponibilité des médicaments, qu'il ne cesse de claironner. Il fait effectivement état d'une pénurie grave qui touche des médicaments stratégiques. Une autre députée a déploré le manque de personnel de la santé dans au moins 15 wilayas du pays qu'elle et ses collègues de la commission de la santé de l'APN ont eu à visiter ces tout derniers jours.À l'issue de ces visites, les députés ont fait un constat : le ministre a trop investi dans l'aspect lié à l'infrastructure omettant le côté ressources humaines. Conséquence(s) : des appareils médicaux acquis à coups de milliards devenus non fonctionnels faute d'un personnel spécialisé. Une situation dont pâtit la wilaya de Tizi Ouzou notamment, signale l'élue. Les députés qui ont eu à visiter des régions reculées ont aussi relevé le «manque flagrant» de médecins spécialistes dans ces régions, notamment les radiologues et gynécologues. «S'il s'agit simplement d'un problème de répartition, le ministre devra envisager des mesures incitatives au profit des potentiels candidats à ces postes ; s'il s'agit par contre d'un problème de manque de personnel, la tutelle devra dans ce cas former davantage», suggèrent les députés.Dans son exposé, le ministre de la Santé a notamment plaidé pour l'implication du secteur privé dans le traitement des cancéreux. Il a fait savoir que son département a délivré des agréments à des cliniques privées en vue de prendre en charge, notamment en termes de chimiothérapie, les malades atteints de cancer, tout en signalant que le ministère du Travail devait, lui aussi, jouer son rôle dans ce cadre. Il a indiqué que ses services ont saisi officiellement leurs homologues du Travail et de la Sécurité sociale en vue de rendre disponibles les médicaments anticancéreux dans les officines.Dans le même registre, le ministre de la Santé a déclaré aux membres de la Commission de la santé de l'APN que le décret portant création d'un fonds spécial pour la lutte contre le cancer est finalisé. Il a appelé les députés à «se débrouiller» afin de décider de nouvelles taxes qui serviront à alimenter la caisse dudit fonds, lequel bénéficiera aussi de la subvention de l'Etat.À propos des revalorisations salariales ayant bénéficié aux 271 000 professionnels de la Santé, M. Ould Abbès a indiqué que le coût de cette opération a été estimé à 293 milliards de dinars. Par ailleurs, le ministre a annoncé qu'un plan de prévention contre les hépatites B et C sera prochainement mis en place.Enfin, il a promis de régler le problème des surfacturations des médicaments et a fait état de pertes évaluées à 700 millions de dollars. Y. D.