Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès, semble vraiment décidé à sévir dans le secteur, comptant sur un soutien qu'il affirme total du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Ainsi, selon une information donnée hier par un de nos confrères, le nouveau premier responsable du département de la Santé a limogé 15 directeurs de CHU et 20 autres directeurs de santé de wilaya. La raison principale en est que ces derniers auraient refusé de lui transmettre le bilan des équipements acquis et ceux à acquérir dans les mois à venir, de même que la situation des logements de fonction. Le ministre n'a pas cité les CHU et les directions de santé concernés, ni les raisons derrière ce «refus», mais si l'on en croit les informations données par notre confrère, les 35 responsables limogés refusent tout bonnement de reconnaître son autorité, donc celle de l'Etat, selon ses dires. Ce qui l'a poussé à prendre cette décision de limogeage, menaçant d'agir de la même façon avec ceux qui enfreignent ses directives. Il y a moins de vingt jours, il avait annoncé la suspension de deux directeurs d'hôpital pour mauvaise gestion. Le ministre Ould Abbès adopte une politique tout à fait différente de celle de ses prédécesseurs - particulièrement Saïd Barkat qui n'a pratiquement rien changé dans le secteur si ce n'est le fait qu'il l'a maintenu dans son état de léthargie -, faisant à la fois preuve de souplesse avec les syndicats et de fermeté avec ses cadres et responsables des structures hospitalières. Quand il parle des dysfonctionnements du système de santé, il ne prend pas de pincettes. Il cite les manques et les dépassements un par un, fait plusieurs sorties de travail et de visites inopinées dans différents établissements à Alger et ailleurs, examine les problèmes et propose des solutions qu'il s'engage à mettre en pratique selon les besoins et les circonstances. Dernier engagement du ministre, celui concernant les médicaments : «Il y a une mauvaise distribution de médicaments, mais pas de pénurie. Tous les médicaments seront disponibles avant le mois de Ramadhan prochain.» Avec les syndicats, il se montre ouvert au dialogue et disponible à régler les problèmes ensemble. Beaucoup de choses sont promises dans le sens d'une amélioration véritable de tout le secteur de la santé en Algérie. «Nous n'avons pas de problème d'argent. Bien au contraire, nous en avons assez pour répondre à tous les besoins. Aussi, la volonté politique y est. Ce sont les décisions du président de la République», répète-t-il continuellement. Ira-t-il au bout de ses engagements ? Difficile de répondre par l'affirmative sachant les nombreux obstacles sur lesquels bute la réforme du système de santé en Algérie, à commencer par ceux concernant la contractualisation et la lutte contre l'informel. K. M.