De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Une fois que les artistes ont rangé leurs instruments, les scènes qui abritaient les diverses spectacles programmés dans le cadre des festivals institutionnalisés se vident et reviennent à leur état naturel. C'est-à-dire inanimées. Et la vie culturelle n'aura ainsi duré qu'une longueur assez courte laissant un goût d'inachevé dans la mesure où rien n'est fait pour assurer une continuité, fusse-t-elle intermittente. La ville de Constantine connaît plusieurs activités culturelles fort appuyées financièrement par le département de Mme Toumi. Le maillage en nombre va grandissant, pourtant ce n'est pas le cas en animation et thématique qui s'étalerait sur les douze mois de l'année. Car, une vie artistique doit, certes, être ponctuée par des rendez-vous, ne devrait pas céder place au «grand silence». Aucun vide ne devrait être toléré vu les engagements et les dessins sur papier consentis par les responsables culturels et les commissariats qui se sont arrachés telle ou telle manifestation avant que celle-ci ne devienne «propriété» du pourvoyeur par excellence, le ministère de la Culture. Malouf et jazz, qui enregistrent le plus d'audience chaque année, surfent pourtant sur un calendrier inflexible.Cette situation est aussi valable pour les autres expressions assurées par les associations et boîtes de spectacle. Théâtre pour enfants, poésie,…le planning se limite aux jours J. Et pourtant, ce n'est pas le vœu initial des organisateurs qui, au départ, s'enthousiasment en plaçant leur acquis dans un contexte «culturel, thématique et artistique». Une option qui, jusqu'à preuve du contraire, n'aura pas été appliquée comme promis lors des multiples conférences de presse ou à la limite en clôture. L'alibi évoqué reste attaché au manque d'infrastructures pour l'exercice. L'argument ne tient pas la route si on considère le nombre relativement «réduit» des adeptes de chaque genre, chaque style. Autrement dit, une petite salle pourrait bien contenir des concerts de musique, des représentations théâtrales, des spectacles artistiques, des expositions… enfin des activités qui empliraient ce vide artistique. L'exemple le plus éloquent est la promesse d'ouvrir une classe pour l'apprentissage du qanun au Conservatoire de Constantine. Le Turc Halil Karaduman, virtuose de cet instrument, avait manifesté son intention de dispenser des cours. «On ne comprend pas ce qui s'est passé. Le projet a été empêché…», a lâché sèchement une source officielle. C'est en fait de la poudre aux yeux pour récolter le maximum de garanties auprès des pourvoyeurs de fonds. Mais une fois les subventions amassées, le travail de proximité censé «animer» les salles de spectacles en chant et en cours ne suit pas. La fête se limite à un guichet ou à des invitations, selon la conception tracée, laissant derrière lui des sillages sans grand impact. Malgré la tradition ancrée ayant vu l'organisation en marge des journées officielles, des masters class, des séminaires, des initiations,… il reste du chemin à parcourir pour que les après festivals «survivent». C'est une constatation unanime exprimée par les adeptes et mélomanes : «C'est triste pour la cité de plonger dans un silence une fois les programmes officiels clôturés. En fait, des initiatives et des perspectives manquent terriblement pour maintenir une activité artistique.»Entre deux pauses, les organisateurs se mettent à fouiner en vue de décrocher d'autres affiches pour le numéro ultérieur. Limitant l'animation à un automatisme. Des actions stéréotypes matérialisent l'éphéméride. A vrai dire, la dynamique tant illustrée s'éclipse à la dernière note du festival. Les responsables ne sont pas parvenus à aller vers la décantation pour soutirer les bons ou mauvais points d'une quelconque manifestation. Le «free» dont bénéficient les divers commissariats en étroite collaboration avec la tutelle a rangé les festivals institutionnalisés dans une série de «refrains sonores» malgré les efforts des animateurs à teinter leur programme de nouvelles tendances. «On élabore nos grilles à travers la toile. Des troupes qui répondent au mieux à nos aspirations seraient sollicitées. En plus, nous avons une pléiade de connaisseurs artistiques qui nous aident à faire le tri», explique un membre du Festival international du malouf. Cela est aussi valable pour la sélection jazz, inchad, châabi, aïssaoua,…En apparence, la formule est simple. Mais moyennant outre la crédibilité et la bonne connaissance des troupes actives à l'échelle planétaire, des moyens financiers énormes. Les festivals institutionnalisés devraient sortir de leur ghetto «d'affiche programme». Certes, il fallait instaurer et confirmer ce genre de manifestation toutes couleurs confondues à l'échelle locale. Maintenant que le pari semble avoir été gagné étant donné le nombre des manifestations approuvées par le ministère, les initiatives et perspectives pour accompagner ce genre d'activité seraient inévitables pour maintenir la dynamique. Cette nuance à impact garanti est tant recherchée…