Le marché de la friperie, appelée communément «echiffoune», a connu un véritable essor depuis des années en Algérie, avant que la nouvelle loi votée à l'APN ne vienne l'interdire définitivement. Cette activité qui emploie plus de 13 000 personnes va donc disparaître graduellement. Nombreux étaient les citoyens qui se ruaient au marché pour acheter vêtements et chaussures à des prix accessibles en comparaison avec ceux proposés au niveau des commerces et qui donnent le tournis aux bourses moyennes. La friperie a permis donc, des années durant, aux pauvres gens et aux consommateurs dont les moyens sont limités de s'habiller correctement et à moindre coût mais sans pour autant se soucier de leur santé, car les articles achetés, même s'ils sont obligatoirement soumis à des contrôles, peuvent constituer une source de risque sanitaire. C'est cela qui a, entre autres raisons, motivé l'interdiction de cette activité en plus de la concurrence déloyale livrée au textile national. La friperie est devenue au fil des jours, des mois et des années un véritable marché dont les articles sont importés de différents pays notamment l'Europe. Du simple marché où se vendaient ces articles à des prix bas, des magasins ont vite ouvert leurs portes avec des registres du commerce, ce qui a augmenté considérablement les prix. De 100 DA la pièce achetée, le coût peut être multiplié par quatre dans un magasin. De l'avis même de certains habitués de la fripe, «il est quand même exagéré de vendre des habits usagers à des prix pareils à ceux proposés pour les articles neufs». Ceci étant et vu la qualité proposée parfois, ces citoyens préfèrent les vêtements de la friperie à ceux provenant des pays asiatiques, car disent-ils, «certains produits qui nous parviennent de l'Asie nous causent parfois des allergies de la peau».Les citoyens habitués des magasins de la friperie se disent peinés de voir disparaître ces commerces et trouve injuste de pénaliser les bourses moyennes. «La friperie existe partout dans le monde, je ne vois pas quelle est l'utilité de sa suppression en Algérie», s'interroge un citoyen rencontré à Alger. Une mère de famille nous confie même qu'elle ira «constituer un stock de vêtements pour ses enfants avant que les boutiques ne ferment».Quant aux commerçants, certains consultés sur cette mesure ont exprimé leur indignation de voir disparaître toute une activité qui fait nourrir beaucoup de familles. De plus, dit l'un d'entre eux, «je ne vois pas ce que je pourrais faire à la place». En tout état de cause, la loi a été votée et l'interdiction de l'importation de la friperie est maintenant bel est bien une réalité. B. A.