La ville de Tizi Ouzou compte, à elle seule, près d'une vingtaine de magasins de friperie. Ce type de magasins pullulent partout sur tout le territoire de la wilaya. ur l'artère principale de la ville de Tizi Ouzou, communément appelée la Grande Rue, la tendance commerciale a radicalement changé. En moins de 5 ans, café du coin, bar, restaurant et même librairie ont cédé la place à de luxueux magasins de vêtements, féminins surtout. Le citoyen de la région a-t-il accédé à un niveau de vie lui conférant un statut de grand consommateur de ces vêtements de luxe aux prix à donner le tournis ? Les magasins de luxe, alignés des deux côtés de la Grande Rue de Tizi Ouzou, sur une longueur de plus de 500 mètres, ne cessent à longueur de journée de recevoir des clients potentiels dont la plupart ressortent les mains vides ou presque. Jusqu'à mai dernier, des affiches annonçant des soldes jusqu'à 50% étaient constamment, pratiquement à longueur d'année, visibles sur les vitrines ou devant les portes d'entrée de ces magasins dont les propriétaires ou locataires se plaignaient sans cesse de l'envahissement de la ville par le commerce informel de vêtements qui est fortement dominé par la friperie. Depuis le lancement, par la police, de la grande opération qui a mis un terme au marché informel qui avait envahi la plupart des trottoirs de la ville de Tizi Ouzou, les soldes ont disparu dans les magasins légaux. Jugés déjà inaccessibles du temps des soldes, les prix ont connu une flambée qui ne fait qu'éloigner davantage les clients qui ne savent plus où donner de la tête pour se vêtir et surtout vêtir leurs enfants si ce n'est dans les quelques magasins de friperie où ils se disputent quotidiennement les nouveaux arrivages. “La fermeture des marchés informels dans toute la ville a coupé les veines aux petites bourses qui sont plus nombreuses”, souligne un jeune habitué des quelques magasins de friperie situés sur le boulevard des Frères Beggaz à la Nouvelle Ville de Tizi Ouzou. “Avant, je trouvais de bonnes occasions bon marché chez les marchands des trottoirs, mais depuis le nettoyage de la ville, je fais de temps à autre les magasins de frip où je trouve souvent quelque chose à acheter”, ajoute ce jeune, la trentaine, exerçant comme comptable dans une entreprise privée. Un homme, la cinquantaine, enfile dans un geste prompt une veste classique d'occasion mais en bon état. “1 200 DA”, répondra le vendeur à la demande du client. “Des fonctionnaires, des chômeurs, des jeunes femmes et des personnes âgées viennent quotidiennement dans mon magasin”, expliquera le vendeur, ajoutant que dans son magasin, comme dans tous les magasins de la friperie de la ville, les clients dénichent, sur un fond de tas de chiffons, des articles de qualité et très souvent quasiment neufs et à des prix parfois dérisoires. La ville de Tizi Ouzou compte, à elle seule, près d'une vingtaine de magasins de friperie. Leur nombre va croissant après le démantèlement de tous les marchés informels. Ce type de magasins pullulent partout sur tout le territoire de la wilaya. On en trouve aussi partout dans les grandes agglomérations telles que Drâa Ben-Khedda, Boghni, Ouadhias, Drâa El-Mizan, Aïn El-Hammam où leur fréquentation, occasionnelle pour certains et habituelle pour d'autres, devient, selon plusieurs vendeurs, de plus en plus importante en dépit du risque de maladies telles que certaines allergies, eczémas et autres germes qui peuvent se transmettre via ces vêtements d'occasion. Selon un dermatologue installé à Tizi Ouzou, en effet, ces risques sont d'autant plus importants à présent que la grande partie de la friperie provient des frontières est du pays par la voie de la contrebande, ou du moins de façon illégale, et qu'elle échappe donc aux contrôles des services concernés. À Tizi Ouzou, bien que pour une catégorie au demeurant minoritaire, ces vêtement d'occasion restent “repoussants”, l'érosion du pouvoir d'achat et le chômage qui dépasse 30% selon les chiffres de l'APW, font de la friperie un créneau en plein essor, qui suscite un véritable engouement, qui offre une alternative de vie sociale moins coûteuse et surtout devenue sans complexe et sans tabou, mais aussi une activité qui révèle, de part la croissance du nombre de vendeurs et d'acheteurs qui la pratique, à quel point la misère sociale ne cesse de gagner les foyers.