Le Ramadhan a fini par tirer sa révérence après un mois de jeûne et d'abstention, de piété et de religiosité soutenues. Mais pour beaucoup cela aura été une période de dépenses effrénées et de sacrifices pécuniaires souvent démesurés, comme si le mois de jeûne devait exclusivement signifier une tendance accrue et incontrôlée à garnir la table du f'tour. Le sens profond de ce mois particulier étant relégué au second plan, beaucoup de ménages se retrouvent à faire des acrobaties pour se plier aux exigences déraisonnables de la faim, quitte à recourir à l'endettement ou à sacrifier d'autres besoins tout aussi vitaux. Cela, au moment où d'autres ménages -dont le nombre est malheureusement loin d'être négligeable- sont contraints de quémander la générosité du voisin ou de l'Etat pour faire taire une faim à laquelle, somme toute, ils se sont familiarisés le restant de l'année. Mais ceux qui pensaient en avoir fini avec les grandes dépenses avec le retour au train-train quotidien peuvent s'apercevoir que le Ramadhan est toujours là. Non qu'il y ait des personnes qui continuent de jeûner pour les «hassanate» que le mois de chaouel peut leur procurer, mais en raison du fossé que le mois de jeûne n'a pas manqué de creuser dans le budget de milliers de ménages. Ayant quasiment concordé avec la rentrée scolaire, la fin de celui-ci aura en plus coïncidé avec la rentrée universitaire qui suppose aussi des frais que peuvent difficilement combler les bourses allouées par l'Etat chaque trimestre aux étudiants. Avec les prix toujours aussi élevés des produits de première nécessité, les personnes en charge de subvenir aux besoins de leur famille ont du mal à joindre les deux bouts. A rééquilibrer surtout leur budget après les folles dépenses du mois sacré et en prévision des nouvelles charges qui ne manquent pas de survenir épisodiquement. L'actualité internationale, marquée par la crise financière et boursière, est loin de rassurer les plus inquiets même si les représentants du gouvernement s'échinent à lancer des messages de réconfort aux Algériens en martelant que notre pays en est à l'abri. Du coup, le citoyen habitué à ne pas trop faire confiance à ses gouvernants ne sait plus trop de quoi sera fait son lendemain. Faut-il se mettre à épargner plus au risque de voir son argent hypothéqué comme celui des Américains ou, au contraire, dépenser au maximum dans des projets sûrs et d'avenir comme l'immobilier ou le foncier ? se sont mis à se demander les plus sceptiques. Il faudra sans doute une bonne dose d'optimisme et de patience pour attendre que passe cette épaisse brume qui assombrit tous les cieux en vue d'y voir plus clair sur son avenir. M. C.