Une peine de sept ans de prison ferme a été prononcée, hier, par la présidente du tribunal correctionnel de première instance de Sidi M'hamed près la Cour d'Alger à l'encontre d'Oultache Chouaïb, l'ex-chef de l'unité aérienne de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN) et principal accusé dans une affaire de malversation en 2007 au profit de la société Algerian Business Multimedia (ABM). La présidente du tribunal, Chakal Assia, a prononcé la même peine à l'encontre de Dhimi Youcef, ex-directeur de l'administration générale de la Direction générale de la Sûreté nationale (DGSN), pour «dilapidation de deniers publics et trafic d'influence». Mohamed Antri Bouzar, PDG d'ABM, et Toufik Sator, directeur général adjoint d'ABM et gendre d'Oultache, ont écopé de six ans de prison ferme chacun. Trois fonctionnaires de la DGSN, Chorfa Achour, Hafid Youcef et Yahiaoui Abdelmadjid, et le directeur commercial d'ABM, Djeider Zerouk, ont écopé de cinq ans de prison ferme. Une condamnation à quatre ans ferme, une à trois ans de prison ferme et quatre relaxes ont été prononcées pour le reste des inculpés, au nombre de seize, tous fonctionnaires de la DGSN. Après l'annonce du verdict, les familles des inculpés étaient effondrées. Les avocats se sont déclarés outrés. Me Bentaouine, défenseur, n'a d'ailleurs pas caché son indignation : «Je suis scandalisé. Peut-on justifier une condamnation pour détournement ou complicité de détournement sans ordonner une expertise ? Si le magistrat connaît bien le dossier, il sait qu'il n'y a rien qui justifie ce verdict. Il s'agit donc d'une condamnation abusive. C'est une honte pour la justice.» Oultache Chouaïb, lui, s'est adressé à la magistrate et lui a lancé : «Dieu vous jugera.» Précisons que l'ensemble des avocats a décidé d'introduire un appel. Il est à rappeler que le procureur de la République avait requis 10 ans de prison à l'encontre de l'ensemble des 25 prévenus impliqués dans cette affaire. Selon l'arrêt de renvoi, les faits concernent la passation de marchés «douteux» portant sur l'achat de plus de 10 000 onduleurs électriques, 300 ordinateurs, 500 PC portables et 9 000 imprimantes. Il a été reproché aux inculpés, chacun selon son poste, d'avoir permis à la société ABM, dont l'un des associés n'est autre que le gendre d'Oultache, de bénéficier des marchés de la DGSN en violation de la loi sur les marchés. Il a été également reproché aux mis en cause d'avoir changé la composante de la commission chargée de la modernisation de la DGSN et d'avoir préparé et modifié un cahier des charges des appels d'offres, et ce, dans le but d'exclure les autres soumissionnaires. Les mis en cause ont été poursuivis, notamment pour «passation de marchés publics en violation de la législation, dilapidation de deniers publics et trafic d'influence». Chouaïb Oultache était notamment accusé d'avoir usé de son influence sur la commission d'évaluation technique des offres où il siégeait, pour qu'elle choisisse la société ABM dans laquelle son gendre est actionnaire et également directeur général adjoint. Il est à noter que lors de ce procès, aucune expertise n'a été faite pour déterminer le montant détourné. A préciser enfin que Chouaïb Oultache doit également répondre de l'assassinat, le 25 février 2010, de Ali Tounsi, l'ex-patron de la DGSN. La date de cet autre procès «pour homicide volontaire avec préméditation» n'a pas encore été fixée. Pour ses avocats, l'affaire de dilapidation, pour laquelle il a été condamné hier, n'a qu'un seul but : construire un alibi pour justifier la condamnation à mort dans le prochain procès lié à l'assassinat de Ali Tounsi. H. Y.