Photo : Riad Par Hasna Yacoub Les violences se poursuivaient hier au Liban, faisant au moins 38 morts depuis le début des affrontements entre partisans du gouvernement, issu de la majorité anti-syrienne, et ceux de l'opposition emmenés par le Hezbollah chiite, soutenu par la Syrie et l'Iran, sur fond d'une grève générale pour des revendications salariales. Une tentative de ramener le calme a été faite hier par l'armée libanaise qui a opté pour le gel de toutes les décisions du gouvernement prises à l'encontre du mouvement chiite, le Hezbollah. L'armée a appelé au retrait des hommes armés de la rue. Une décision qui semble agréer l'opposition au Liban qui a annoncé, juste après, qu'elle allait passer le contrôle de Beyrouth à l'armée, en retirant ses miliciens mais tout en poursuivant son mouvement de «désobéissance civile». Le Hezbollah semble donc satisfait du contenu du communiqué, rendu public par l'armée et qui fait état notamment du maintien en poste du chef de la sécurité de l'aéroport de Beyrouth, Wafic Choukair, présenté comme un proche du Hezbollah et limogé mardi dernier par le gouvernement. «Il restera à son poste, en attendant les mesures prises après l'enquête» qui déterminera s'il était au courant des caméras de surveillance installées par le Hezbollah près de l'aéroport international de Beyrouth, a annoncé l'armée dans un communiqué, en précisant qu'elle «se chargera d'étudier le dossier du réseau de télécommunications» mis en place par le Hezbollah, qualifié récemment par le gouvernement de «violation de la souveraineté du Liban», et sur lequel il voulait enquêter. C'est, rappelons-le, cette décision, qualifiée jeudi dernier par le Hezbollah de «déclaration de guerre», qui a été à l'origine de violents combats entre anti et pro-gouvernementaux. La formation chiite estime que ce réseau est essentiel dans sa lutte contre Israël et «pour des raisons de sécurité». L'armée a tranché en déclarant que «le dossier sera étudié de manière à ne porter atteinte ni à l'intérêt public ni à la sécurité de la résistance». Elle a par ailleurs demandé «à toutes les parties […] de retirer tous les hommes armés [des rues] et de rouvrir les routes». Avec ce communiqué, l'armée vient ainsi de révoquer toutes les décisions du gouvernement Siniora et de déclarer nul l'appel qu'il lui a lancé dans la matinée même. Le Premier ministre libanais avait demandé à l'armée d'intervenir pour imposer la sécurité sur le territoire libanais, en «retirant les hommes armés de la rue» et en «mettant fin au sit-in de l'opposition» dans le centre de la capitale, Beyrouth. «Je demande à l'armée d'imposer la sécurité à tous et dans toutes les régions et de retirer les hommes armés de la rue immédiatement», avait déclaré M. Siniora dans un discours prononcé depuis le siège du gouvernement. La majorité anti-syrienne a salué la décision de l'armée. Dans un communiqué, M. Rafic Hariri a estimé qu'elle «ouvrait la voie à une solution». Après des combats meurtriers, qui ont fait près d'une quarantaine de morts depuis jeudi, et le contrôle par le Hezbollah de Beyrouth ouest, la majorité avait accusé le Hezbollah d'avoir mené un «coup d'Etat» orchestré avec l'aide de Damas et Téhéran. Malgré ce semblant retour au calme, le Liban continue de vivre une crise qui paralyse depuis 18 mois ses institutions politiques et bloque l'élection d'un président de la République. D'ailleurs, l'Arabie saoudite et l'Egypte ont obtenu une réunion de la Ligue arabe aujourd'hui au Caire pour examiner les développements de la situation dans ce pays. De son côté, L'Algérie a appelé, hier, «toutes les parties libanaises à faire preuve de retenue, à s'écarter du langage des armes et à revenir à un dialogue sérieux à même de sortir le Liban de cette crise et de le préserver des interventions étrangères qui tendent à attiser les différends entre les parties libanaises», selon le communiqué du ministère des Affaires étrangères. «L'Algérie ne ménagera aucun effort pour soutenir les initiatives et les efforts contribuant à la réalisation des consensus requis pour permettre au Liban de recouvrer sa sécurité afin de préserver le rôle de ses institutions constitutionnelles», poursuit le document.