L'armée libanaise se tenait prête hier à utiliser la force contre toute présence d'hommes armés et poursuivait son déploiement à travers le Liban pour tenter de maintenir le calme, près d'une semaine après le début de sanglantes violences. En plein blocage politique, la crise libanaise a suscité une vive mise en garde à l'Iran, un pays qui soutient l'opposition libanaise, de la part de l'Arabie saoudite, puissant allié arabe du gouvernement de Fouad Siniora. L'éventuel soutien de Téhéran au «coup d'Etat» au Liban affecterait les relations entre l'Iran et le Monde arabe, a prévenu le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud Al Fayçal. Le président américain George W. Bush, qui part pour le Proche et le Moyen-Orient, avait averti la veille l'Iran et la Syrie que la «communauté internationale» ne permettrait pas que le Liban retombe sous domination étrangère. Depuis samedi, l'armée libanaise poursuit son déploiement dans le pays pour tenter de prévenir une extension des violences qui ont fait 62 morts et environ 200 blessés depuis le 7 mai à Beyrouth-Ouest, à Tripoli et dans la montagne druze, dans le sud-est de la capitale. Dans la nuit de lundi à mardi, de nouveaux combats avaient opposé à Tripoli, la grande ville du nord du Liban, des partisans de l'opposition, menée par le Hezbollah, et de la majorité anti-syrienne. L'armée a décidé d'utiliser si besoin est la force contre toute présence armée. Aucun incident n'a cependant été signalé. Le journal An Nahar, proche de la majorité, expliquait que cette décision faisait suite à des engagements reçus des différentes parties d'éviter tout débordement dans l'attente des résultats d'une médiation de la Ligue arabe, dont une délégation arrive aujourd'hui à Beyrouth. L'opposition maintient cependant des barrages, notamment sur la route de l'aéroport de Beyrouth, interdisant de facto les vols commerciaux. Sur la route menant vers la Syrie, dans l'est, le principal poste frontière de Masnaa est, lui aussi, bloqué par des militants progouvernementaux. Traditionnellement chargée du maintien de l'ordre au Liban, l'armée n'est jamais intervenue depuis le début de cette flambée de violences, la plus meurtrière depuis la guerre civile (1975-90), par crainte de scissions. Mais en restant neutre, elle s'est attiré des critiques grandissantes. Craignant un embrasement, des Libanais et des étrangers continuaient de quitter le pays par route vers la Syrie ou par bateau vers Chypre. Des charters privés devaient même être affrétés au départ de l'aéroport de Beyrouth vers Amman ou vers Chypre. Les premiers affrontements entre partisans de l'opposition et la majorité, soutenue par les Occidentaux et quelques pays arabes, avaient éclaté à Beyrouth le 7 mai. Ils faisaient suite à des mesures prises par le gouvernement contre le Hezbollah, interprétées par le parti chiite comme une déclaration de guerre. Le Hezbollah avait alors pris le contrôle de l'ouest de Beyrouth. L'armée avait ensuite décidé de geler les décisions gouvernementales et appelé les hommes armés à se retirer des rues. Agences