Des connexions entre les différents groupes terroristes sont en train de s'opérer dans la région sahélo-saharienne. La confirmation ne vient pas uniquement des responsables algériens, mais également d'autres parties en dehors de la région. Et ces liens concernent notamment la secte Boko Haram au Nigeria et Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui élargit de plus en plus sa zone d'influence. Au cours d'une conférence de presse conjointe animée avec le ministre mauritanien des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, a confirmé, de manière claire, que les liens entre les deux groupes sont établis. «Nous avons acquis la certitude qu'il y a coordination entre Boko Haram et Al Qaïda», a indiqué Abdelkader Messahel. «La façon dont les deux organisations opèrent et les rapports des services de renseignement montrent qu'il y a bien coopération», a encore ajouté le responsable algérien. Cette certitude n'émane pas uniquement de l'Algérie. De son côté, le Centre américain des études stratégiques (Stratfor) considère que l'évolution rapide du mode opératoire des attaques terroristes, perpétrées par le groupe nigérian Boko Haram, prouve l'existence de liens avec les autres groupes terroristes africains dont Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), selon l'APS. Dans son analyse sur la montée de la menace de Boko Haram, qui signifie «l'éducation occidentale est un péché» en langue haoussa, Stratfor observe que le recours, depuis juin dernier, à des opérations kamikazes et aux voitures piégées pour perpétrer des attentats terroristes au Nigeria, illustre le «grand bond» accompli par ce groupe en 2011. Traçant l'évolution de la nature des armes utilisées par Boko Haram, créé en 2002, mais qui avait commencé ses première attaques à la fin 2003, ce centre américain observe que ce groupe est passé, en huit années, des gourdins, machettes, couteaux et armes légères, à l'usage de cocktails Molotov et de simples engins explosifs à la fin 2010, avant de passer, rapidement, aux opérations kamikazes et voitures piégées en 2011. Or, commente-t-il, de par l'histoire de l'évolution, «il est très inhabituel pour un groupe de réaliser un tel bond opérationnel significatif en dehors d'une formation ou d'une assistance». Avouant avoir été «sceptique» au début à l'égard de la déclaration faite en juin 2010 par le chef d'Aqmi, Abou Moussab Abd Al-Wadoud, que son groupe allait apporter à Boko Haram un soutien et des armes pour donner «une profondeur stratégique en Afrique» à leur mouvement, Stratfor affirme que ses services ont continué à «recevoir des rapports selon lesquels les Nigérians liés à Boko Haram ont été vus dans des camps d'entraînement d'Aqmi dans le Sahel et que certains d'entres eux avaient même reçu une formation du groupe djihadiste d'Al Shebab en Somalie».Autre signe d'inquiétude : les Américains et les Français s'empressent, depuis quelque temps déjà, d'aider leur allié nigérian. Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, qui a effectué une visite de travail ces derniers jours à Lagos, a promis l'aide de son pays au Nigeria. Ce pays vient d'être frappé par un attentat perpétré par la secte Boko Haram. On a dénombré plus de 150 morts et des dizaines de blessés.Les Américains proposent également leur aide. L'administration Obama fait plus. Puisqu'en plus du renseignement, l'armée américaine participe déjà à la formation de militaires nigérians. Les Etats-Unis fournissent également des armes aux autorités de Lagos.Toutes ces données montrent que la situation dans cette zone du monde est encore explosive. La décision d'élargir les pays du Champ est en soi une première étape vers une lutte pacifique et sérieuse. Mais l'effort reste à faire. A. B.