Photo : S. Zoheir Par Wafia Sifouane En raison de la fermeture du Théâtre national algérien pour travaux de réfection, le Festival international de la danse contemporaine (Fidc) dans sa 3e édition a installé ses pénates cette année au palais de la culture Moufdi Zakaria. Inauguré lundi dernier, cet événement, qui a pour thème «La trace», se veut un pont reliant le patrimoine au contemporain, un défi assez osé et difficile à relever, surtout que la danse, en général, et celle contemporaine, en particulier, sont un art au stade embryonnaire en Algérie.Pour sa première soirée, le Fidc a eu droit à une foule impressionnante de spectateurs curieux. Après les discours officiels de la commissaire du festival, Mme Mebarka Keddouri, place au show avec la troupe culturelle El Badr venue de Tindouf. Vêtues de tenues traditionnelles targuies, les danseuses de la troupe accompagnées de son de percussion ont séduit les présents avec une danse tout ce qu'il y a de traditionnel, sans la moindre touche «contemporaine». On pourrait mettre ça sur le compte de la thématique du festival qui se serait ainsi ouvert avec un tableau du patrimoine immatériel, histoire d'illustrer la démarche et planter le décor. Mais la suite nous montrera qu'il n'en était rien et que les organisateurs ont vraisemblablement une autre idée et définition de la danse contemporaine. La troupe de danse de la maison de culture de Tizi Ouzou en apportera la preuve. Sur la musique d'un titre de la chanteuse pop Chritina Aguilera, les danseuses de la troupe tout de rouge et noir vêtues effectueront une chorégraphie dont le concepteur ne pourra se vanter que de sa simplicité. Les jeunes danseuses se sont carrément laissées aller à une sorte de macarena à laquelle on a ajouté quelques pas inspirés de Saturday night fever, ahurissant ! On se serait crus dans une soirée de fin d'année où les jeunes collégiens s'amusent sur scène sans trop se soucier du respect des règles de l'art. Et pour ce qui est des règles de la danse contemporaine, on peut dire qu'elles ont été joyeusement piétinées. Heureusement, l'inauguration a été sauvée grâce au passage de la danseuse mexicaine Sonia Amelio. Artiste de renommée internationale, la joueuse de crocales (ancêtres des castagnettes), est également musicienne, comédienne, ballerine et chorégraphe. Malgré son âge avancé, elle est sexagénaire, la danseuse a étonné le public avec un spectacle relativement original. Sur fond de musique universelle, la danseuse a fait claquer ses crocales en effectuant une danse traditionnelle mexicaine. Tapant des pieds, elle a merveilleusement accompagné le son de la musique dans une ambiance sombre. Une prestation qui aurait pu être meilleure en présence d'un orchestre, chose que l'artiste à l'habitude de faire sur les scènes internationales. Le public a pu par la suite découvrir le parcours de Sonia Amelio avec la projection d'un documentaire qui lui a été consacré. Après ces trois prestations de niveau variant, la commissaire a honoré l'artiste mexicaine et la danseuse sénégalaise Yaye Katy Sene. Cette dernière a eu droit à un véritable comité de soutien composé de jeunes Sénégalais qui l'acclamaient à voix haute. Prévu du 20 au 26 novembre, le Festival international de danse contemporaine verra le passage d'une vingtaine de troupes venues des quatre coins du monde. Espérons que les jours à venir nous donnerons l'occasion de découvrir un véritable art contemporain qui justifierait le nom du festival.