Force est de constater que depuis des années, malgré une mondialisation qui ne laisse intouché aucun pays et aucun secteur, la culture échappe totalement à tout projet de réformes en Algérie. L'entreprise, les hydrocarbures, l'économie, les problématiques industrielle, agricole, celle des N.T.I.C sont souvent l'objet de rencontres, de forums, de débats de lois et règlements qui agitent le Parlement, la presse, les partis, les entrepreneurs avec des incursions remarquées d'ambassadeurs et d'officiels étrangers. Or, un consensus national (le seul depuis l'appel du 1er Novembre) est établi sans aucune faille. Le statu quo est la règle indépassable respectée au millimètre par le pouvoir et l'opposition. Il s'agit de ne surtout pas donner un simple coup d'œil dans la fourmilière où tournent en rond des fonctionnaires, des «commissaires», des organigrammes et des centres au kilo, très peu d'argent, et ces mêmes «festivals» ou pour l'un d'eux, on retrouve A. Bedjaoui (qui a pourtant des qualités et des compétences inexploitées) «président d'honneur» (sic !) et des badauds sur invitation qui ne remplissent pas des espaces forcément déficitaires. L'Algérie officielle, «les tuteurs et les tutelles», comme disait le président d'une APC, les opposants, le Parlement au complet évitent, comme la peste, à ce jour, la place incontournable à imaginer pour l'entreprise privée dans les industries culturelles. Ces dernières sont pourtant depuis un siècle, sinon plus, des entités économiques à part entière, des pourvoyeurs d'emplois, de fiscalités, d'exportations, de droits d'auteur et participent plus et mieux que la diplomatie au rayonnement culturel et linguistique, selon les zones d'influence de grands pays producteurs culturels. Ces derniers, au plan intérieur, voient, grâce aux industries culturelles, leurs populations fédérées dans leur diversité, enrichies et surtout armées pour résister sinon défendre victorieusement une démocratie, un mode de vie, des cohabitations au-delà des différences politiques, religieuses, ethniques, etc. Au plan extérieur, la fierté patriotique de ces populations est transformée en une défense d'acier par le seul nombre de T-V satellitaires que regardent des millions d'individus sur terre. Ces chaînes ne sont viables que parce que des centaines de PME/PMI travaillent pour remplir des grilles de programmes diversifiées, et parce qu'il y a en amont et en aval une forte volonté politique gouvernementale, au-delà des alternances.Le gouvernement algérien, le législatif et les élites à l'intérieur des partis semblent satisfaits des structures, du fonctionnement et de la gouvernance hyper-centralisée d'un semblant de politique culturelle. Celle-ci, à l'heure actuelle, est le reflet parfait, pour les jeunes générations, des pratiques du parti unique des ex-pays communistes. Le sommet omniscient, voulant le bonheur et le meilleur pour le pays, décide seul de tout. La guerre de Libération, l'état d'avancement des mœurs, la protection du système tel qu'il est, ce qui est bon pour le peuple ignare et affamé, le niveau de chaque subvention, les associations vassales adoubées, tout est à la discrétion des «tuteurs» et des «tutelles» qui savent tout sur tout et qui sont immunisés par le ciel contre toute erreur simplement impensable. Et le tout avec la bénédiction, la complicité ou le silence de rentiers et d'artistes à l'échine souple. Le jour où de sérieuses réformes en profondeur, menées avec le secteur privé qui sait que les industries culturelles sont rentables, seront envisagées par la classe politique (toutes tendances confondues) sur la base de PME/PMI, on saura qu'il est possible d'avoir un grand groupe public de T-V et des chaînes privées concurrentes. Sinon avec quelles productions alimenter un grand audiovisuel public-privé national ? Par l'importation ? Tout est gratuit par la parabole qui dispense des milliers de programmes par an.