Démarrant d'un constat que l'Algérie n'est pas un pays à vocation agricole, vu les aléas climatiques et le modèle agricole algérien qualifié de modèle agro importateur , le chercheur agronome, M. Mourad Boukella , estime que notre sécurité alimentaire ne dépend ni exclusivement , ni même principalement de l'agriculture et des politiques agricoles. Mais, elle est à assurer au niveau du développement économique en général, notamment industriel, du pouvoir d'achat moyen des populations , de la capacité de l'économie à créer des emplois productifs suffisants et durables et de la diversification de l'appareil productif. Invité, hier, dans le cadre des conférences débats organisées par le bureau de la fondation Frederich Ebert à Alger , M.Boukella a estimé que la solution aux problèmes de l'insécurité alimentaire chronique passe donc par l'accroissement durable de la productivité globale de l'économie , mais aussi par une gestion judicieuse des gains de la croissance ainsi obtenue au profit du plus grand nombre. Toutefois, le chercheur a expliqué que même si l'agriculture n'est pas le moteur, celle-ci constitue, tout de même, la base de tout projet de sécurité alimentaire durable, particulièrement dans les pays en développement. Dans ce contexte, il a indiqué que l'amélioration de la productivité agricole et le relèvement du revenu des populations rurales, sont des éléments déterminants de la sécurité alimentaire individuelle et collective. A cet effet, et selon M. Boukella, les politiques agricoles peuvent contribuer à la concrétisation d'un projet ou, au contraire, aggraver la dépendance alimentaire. Par ailleurs, M. Boukella est revenu sur l'historique de l'agriculture en Algérie, en affirmant que les politiques agricoles menées depuis 1920 à ce jour "n'ont pas apporté de réponse décisive à cette question. Celles-ci ont, selon lui, contribué à "fabriquer" de la dépendance alimentaire dans un pays déjà très fortement exposé aux aléas climatiques. Dans ce cadre, il a relevé que jusqu'au début des années 1980, la priorité était donnée au secteur agricole public, "le plus riche, le plus propice à l'intensification". Suivi, après les années 80, d'un changement relatif au vent de la libéralisation qui, conduit, selon le chercheur, au démantèlement de l'agriculture publique. Une étape suivie des réformes lancées et des lois promulguées, porteuses de l'ambition de mettre à niveau le développement de l'agriculture algérienne, en sachant comment tirer les profits.Le chercheur n'a pas manqué de critiquer le dernier rapport du PNDRA qui donne des statistiques sur le nombre des terrains récupérés, sans donner de détails sur ceux disparus à cause de l'avancée du béton et du désert, ajoutant que la nouvelle loi relative à l'orientation agricole adoptée récemment par le Parlement n'apporte aucune nouveauté à la préservation des terres agricoles et se limite à instaurer le mode de la concession. En outre , M.Boukella qui a reconnu que l'Algérie a fait beaucoup de concessions dans son accord d'association avec l'Union européenne , a soutenu cet accord ainsi que l'adhésion de l'Algérie à l'OMC qui pourrait être utilisée dans l'intérêt de l'agriculture. Il faut dire que le débat sur l'agriculture en Algérie est très ancien, mais il revient en force ces dernières années, et en particulier avec la crise financière mondiale et la flambée des prix des produits agricoles de large consommation comme, c'est le cas du blé, produit dont l'Algérie est l'un des premiers importateurs. Une situation qui risque de coûter de plus en plus cher, car selon certaines prévisions la facture de l'importation agricole pourrait atteindre 15 milliards de dollars en 2015. Il ne faut pas oublier un autre détail également de taille, le fait que ces importations sont basées sur les recettes des hydrocarbures, une richesse non renouvelable, dans un pays qui n'arrive toujours pas à dynamiser son économie et créer de nouvelles richesses et régler une fois pour toute le problème du foncier agricole.Tout en reconnaissant que l'auto suffisance en matière de blé est impossible à atteindre, il reste d'autres produits que l'Algérie peut promouvoir tels que les dattes et les olives.