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Le maréchal Tantaoui, c'est 25% du PIB !
L'armée égyptienne a un poids politique, économique, social et culturel historique
Publié dans La Tribune le 24 - 11 - 2011

L'armée, qui a pris en charge la transition démocratique en Egypte, non sans difficultés comme en atteste désormais sa forte contestation par la Place Ettahrir, est au cœur du pouvoir, notamment depuis le coup d'Etat des Officiers libres qui mit fin au règne du roi Farouk 1er, le 26 juillet 1952. Elle en est le cœur et la colonne vertébrale, constituant un Etat dans l'Etat, incarnant l'Etat lui-même, l'Etat d'une armée-nation. Corps fondateur du régime et de l'Etat, l'armée égyptienne joue un rôle prépondérant, son poids et son influence, considérables, remontent au début du XIXe siècle, c'est-à-dire à la création de l'Etat moderne égyptien, lorsque le pacha Mohamed Ali lança le processus d'autonomisation de son pays par rapport à l'empire ottoman. L'armée est ainsi l'élite et l'épine dorsale de la nation, pesant d'un poids politique, économique, social et culturel à nul autre pareil dans les régimes autoritaires ou dictatoriaux. Pour le résumer, on peut dire que le maréchal Mohamed Hussein Tantaoui, ministre de la Défense depuis 1991 et président du Conseil suprême des forces armées, l'autorité politique intérimaire, représente 25% du PIB !
Les présidents, tous des militaires
De Mehmet Ali Pacha qui, le premier, fit de l'armée le fer de lance de la modernisation de l'Egypte et de sa libération de sa vassalité à la Porte Sublime ottomane, en passant par le général Ahmed Orabi qui mena la première révolte contre les khédives et les Européens, et le général Mohamed Naguib, premier des Officiers libres, jusqu'à Nasser, Sadate et Moubarak, le destin de l'Egypte a le plus souvent été entre les mains de l'armée. Sans oublier, bien sûr, l'intérim du maréchal Mohamed Hussein Tantaoui. Depuis juillet 1952, tous les chefs d'Etat de l'Egypte sont en effet des militaires. On le voit donc, le rôle politique et national des militaires égyptiens ne remonte pas seulement au Mouvement des Officiers libres de 1952. Il a été assumé, de manière éclatante, sous Tewfik Pacha (1879-1892) lorsque le général Ahmed Orabi, outré par les faveurs réservées à l'aristocratie ottomane dans l'armée, exigea le renvoi du chef d'état-major et la convocation d'une assemblée législative. Seule l'intervention de Londres et Paris mettra fin à ce rôle nationaliste. En Egypte, l'armée peut se targuer d'avoir été à l'avant-garde du progrès. Même si les présidents Sadate et Moubarak ont entamé une relative dépolitisation de l'institution militaire, faisant en sorte qu'elle n'occupe plus le devant de la scène politique quotidienne comme sous Nasser, l'armée égyptienne a toujours été le lieu de légitimité politique. Sous Nasser, dans un contexte de guerre avec Israël et de militarisation croissante de la société, on assista à une surreprésentation des officiers supérieurs à la tête des administrations et dans les gouvernements successifs. C'est ainsi que s'est forgée l'image d'une armée qui édifie une nation, fait corps avec elle dans une relation d'identification quasi fusionnelle. C'est ce que Khaled Hassouna, ancien secrétaire général égyptien de la Ligue arabe avait résumé en ces termes : «il n'est guère possible à l'Egypte future d'exister en tant qu'Etat militaire, c'est-à-dire assumant sa propre défense militaire avant tout, ainsi que la subsistance de ses habitants, à moins d'effectuer une révolution industrielle (…), ce qui lui impose de disposer d'un espace vital», le sien propre. Même si elle est aujourd'hui de plus en plus contestée par la rue, la société civile et l'opposition, l'armée a et est encore le centre et le garant du pouvoir. Elle a fait de l'Egypte une société militaire, à savoir une société et un Etat construits autour d'un certain nombre d'intérêts vitaux de la nation. De telle sorte que ses différents corps sont fortement imprégnés de l'idée que le sort du pays dépend toujours d'elle, même lorsqu'elle s'est découvert depuis quelques mois une nouvelle mission, presque messianique, qui ferait d'elle la garante de la démocratie. L'armée égyptienne n'est pas seulement cela. Ce n'est pas uniquement l'espace où se forme la légitimité politique. C'est aussi une véritable entreprise, gigantesque, la première du pays, selon les estimations des spécialistes. Si, par comparaison, le roi du Maroc est le premier entrepreneur du royaume sans bénéficier pour autant d'une position dominante, l'armée égyptienne, elle, représenterait entre 25 et 30% du produit intérieur brut. Cette situation originale en Afrique et dans le monde arabo-musulman, s'explique amplement : soumise à un embargo de l'Occident et au refus des Soviétiques de l'aider à se doter d'équipements militaires modernes et sophistiqués, le président Nasser met en place une véritable industrie militaire. Depuis lors, l'armée égyptienne, qui fabrique des munitions, des armes légères, des chars, des véhicules à avant blindé, des avions, des canons et des bateaux, est devenue un important exportateur d'armes à destination des pays du Golfe et de l'Afrique.

L'armée, première entreprise économique du pays
Ces ventes à l'étranger représentent en moyenne un peu plus d'un milliard de dollars par an. Avec une trentaine d'unités, l'industrie militaire représente ainsi, à elle seule, un peu plus de 12% de l'emploi dans le pays. Selon des estimations de diplomates américains, le chiffre global de l'entreprise Egyptian Army atteindrait les 5,5 milliards de dollars par an. Chiffre approximatif auquel il faut ajouter l'aide annuelle militaire américaine de 2 milliards de dollars en moyenne chaque année, sous forme d'achats d'armements ou de transferts de technologie. Une aide précieuse qui a permis à l'armée égyptienne de monter des projets industriels conjoints avec l'industrie militaire US, avec notamment une usine High Tech de fabrication du célèbre char M1A1 Abraham Lincoln. Mais l'armée n'est pas exclusivement un employeur militaire. Depuis Nasser, elle a en effet diversifié la palette de ses spécialités et investi un nombre considérable de secteurs et de niches civils, au point de représenter pour près de 30% de l'emploi national. Enorme ! Cette tendance s'est accentuée à la faveur de la politique d'ouverture tous azimuts du président Anouar Sadate, dite de l'Infitah, lancée après les accords de Camp David avec Israël, en 1978. L'armée est désormais dans l'électronique de pointe et de grand public, dans l'informatique, l'agriculture, le BTP, le tourisme, l'agro-alimentaire, la pêche, l'élevage. Elle est le premier constructeur de routes et de logements, fabrique de l'huile d'olive et des chemises, des casseroles et du rond à béton. Les militaires égyptiens sont même les premiers apiculteurs et les premiers boulangers du pays ! Outre son rôle militaire et son poids économique, l'armée est aussi un important facteur de régulation sociale, dans la mesure où elle offre de nombreux débouchés à la jeunesse. Lorsqu'il y a, par exemple, des tensions sur le marché du blé et de la farine, l'armée fait marcher à plein ses fours à pains et fournit en blé les minoteries du pays. Elle alimente par ailleurs les officines pharmaceutiques en médicaments et en vaccins en tous genres.
L'armée veut garder le pouvoir sans l'exercer
Contestée aujourd'hui pour son rôle ambigu ou mal compris dans la gestion de la transition politique en Egypte, l'armée souhaite certes ne pas conserver le pouvoir politique. Dans une sorte de valse-hésitation, elle considère le processus de transformation comme opportun et souhaite l'encourager, mais d'un autre côté, elle donne l'impression de ne pas vouloir perdre ses privilèges historiques. D'où l'impression qu'elle redoute une véritable ouverture politique qui mettrait au pouvoir un civil, à la tête d'un régime civil, pour la première fois dans l'histoire du pays depuis la révolution des Officiers libres. C'est pour cela qu'elle est désormais perçue davantage comme un frein que comme une force motrice, alors que l'inverse était vrai aux premières heures de la contestation joyeuse Place Tahrir au Caire.
Le maréchal Tantaoui et ses frères d'armes ne semblent pas intéressés par l'exercice effectif du pouvoir politique, mais en revanche, ils souhaiteraient sans doute conserver leur puissance au sein du futur système politique qui sortira des limbes et des urnes dans les prochains mois. C'est le sens même du compromis historique que les militaires devraient trouver avec l'opposition et la société civile,
à commencer par les frères musulmans.
N. K.


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