Photo : M. Hacène Par Amar Rafa Quelles répercussions ont les révolutions arabes sur les partis politiques en Algérie ? La réponse paraît d'une évidence certaine, pour le commun des mortels. Car dès les premiers effluves de la «révolution du jasmin», l'impact était visible, pour avoir galvanisé la classe politique qui semblait jusque-là se confiner dans l'attentisme. Mais au grand dam des démocrates qui en ont vu une victoire de la démocratie à l'occidentale, les premiers résultats de ces soulèvements contre les régimes arabes ont débouché sur une victoire des islamistes. Si en Tunisie, Libye, et à un degré moindre, en Egypte, et bientôt en Syrie, les adeptes du courant de Hassan El-Bana, ont été les vainqueurs de ce vent de liberté béni des Occidentaux, en Algérie par contre, ils ont bien tenté de surfer sur la vague, aidés en cela par des clichés véhiculés par les médias internationaux. Al-Jazeera a beau être prompt à vouloir remettre en selle le parti dissous, ses messages ont aussi garni ses éditions mais, la situation est loin de ressembler à celle des autres pays. En ce sens, qu'elle a confirmé l'atypisme du cas algérien, par rapport aux autres pays de la ligue où ce courant a eu le vent de poupe. Les tentatives de tirer profit de la situation, de la part des partis islamistes, se sont avérées limitées. En raison, de leur situation actuelle, marquée par leur faible poids, le MSP, Ennahda et El Islah, pour ne se limiter qu'à ces partis agréés, peinent à influencer la société. Pis encore, à convaincre au sein de la mouvance elle-même, plus portée sur l'action radicale, que par le jeu politique. C'est là, justement, l'une des limites qu'a évoquée un des cadres influents du MSP lors d'une rencontre informelle en minimisant l'impact des révolutions arabes sur son mouvement, en relevant son poids peu enviable sur la scène politique dans le pays, en renvoyant la balle à la direction du parti, qu'il met en cause pour la ligne suivie (participation au gouvernement et à l'alliance présidentielle), jugée timorée et ne pouvant répondre aux desiderata de sa propre base. De plus, la formation de Bouguerra Soltani fait face à une révolte interne ayant débouché sur la création d'un mouvement parallèle, en l'occurrence le mouvement pour la prédication et le changement (MPC), par des membres fondateurs du parti, ce qui affaiblirait la direction actuelle du MSP et la priverait d'un soutien non négligeable d'une bonne partie de ses cadres et met en veilleuse ses ambitions de jouer les premiers rôles. De là que la direction nourrisse l'ambition d'atteindre le pouvoir paraît démesuré pour le Mouvement de la société islamique, au regard des potentialités réduites de cette formation islamiste, créée en 1990 par Mahfoud Nahnah et affiliée aux frères musulmans, d'ailleurs en nette régression dans les scores réalisés au fil des élections successives depuis 1990, lorsqu'elle a obtenu 69 des 380 sièges de l'Assemblée nationale aux 52 sièges avec 9,71% des voix en 2007. Un chiffre revu à la baisse, puisque le mouvement de scission a entraîné la démission de 9 parlementaires. En perte de vitesse, isolé par ses partenaires au sein de l'alliance, le MSP, dont le président se découvre une âme, multiplie alors les actions visant à se repositionner. Puis vint la révolution arabe. L'occasion rêvée pour se réconcilier avec sa base, et tenter de faire la récupération. En public, le MSP met en garde contre les effets de la révolte sur la rue algérienne, estimant que les ingrédients sont déjà là, mais, en réalité cette formation ne cesse de caresser le rêve qu'un jour peut-être l'effet papillon puisse lui être bénéfique. Sa direction, aidée par une poussée de la base, à laquelle elle est confrontée en fait, se débat dans tous les sens, pour la satisfaire, en se rapprochant de ses mouvement semblables dans les pays arabes. Après la reconnaissance du CNT avant même le pouvoir, le parti de Bouguerra Soltani reçoit en grande pompe le leader du mouvement tunisien d'Ennahda, Ghannouchi, vainqueur aux élections de l'assemblée constituante, et affirme son soutien à la population palestinienne sous le blocus à Ghaza, – sous le contrôle réel du gouvernement démissionné de Hamas. Le MSP, qui au travers de ses pérégrinations, tient à faire une prestation de service pour la politique extérieure, espère bien en tirer des dividendes politiques. Puisqu'il appuie cette démarche par des positions internes, plus hardies à l'encontre de toute opposition aux entraves au processus des reformes, y compris de la part des partenaires au sein de l'alliance (FLN et RND), contre lesquels il fait feu de tout bois. Sous une fausse apparence d'opposant à l'APN, le parti s'est abstenu aux votes successifs à l'assemblée nationale à l'occasion des examens des lois des réformes, et presse le pouvoir à de profondes réformes comme contenues dans les engagements du chef de l'Etat. Il est bien dans son rôle le MSP enfin de compte, et conséquent avec sa démarche de soutien au programme présidentiel, laquelle a été tracée par feu Nahnah.