Le Parti justice et développement (PJD) est arrivé en tête des législatives au Maroc avec 80 sièges. Il devance nettement le deuxième parti, l'Istiqlal, qui remporte 45 sièges et dont le dirigeant, Abbas El-Fassi, était jusqu'ici le chef du gouvernement. Suivent ensuite le Rassemblement national des indépendants (RNI) de l'actuel ministre de l'Economie, Salaheddine Mezouar, avec 38 sièges, puis le PAM (Parti de l'authenticité et de la modernité), dernier né des partis politiques marocains, créé par un proche du Roi Mohammed VI, Fouad Al-Himma, avec 33 sièges, et enfin l'Union socialiste des forces populaires (USFP), avec 29 sièges. Le taux de participation s'élève à 45,4% sur 13,5 millions d'électeurs marocains inscrits sur les listes électorales, un taux considéré comme «valable».Plus de 30 partis représentés par 7 100 candidats ont participé à ces législatives pour désigner les 395 députés à la première Chambre du Parlement marocain. Ainsi donc, le roi Mohammed VI doit désigner le chef du gouvernement qui sera chargé de former un gouvernement de coalition, comme le veulent les usages politiques. Le Premier ministre devra être nommé dans les rangs du parti majoritaire selon la nouvelle Constitution. Lors de sa première participation aux législatives en 1997, Le PJD n'avait obtenu que huit sièges, mais aux élections de 2002, les premières du règne du jeune Roi Mohammed VI, il était passé à 42 sièges. Considéré comme un mouvement politique faisant partie de l'establishment, le PJD était devenu le premier parti de l'opposition parlementaire. Fort ensuite de ses 47 députés, issus des élections de 2007, il était considéré comme un des favoris aux élections législatives. Mohammed VI, qui a concédé une partie de ses prérogatives au Parlement et à l'Exécutif, cherche depuis douze ans à incarner la continuité de la monarchie marocaine tout en revendiquant une rupture avec l'ancien règne. Le Roi a annoncé dès le mois de mars une réforme constitutionnelle. Adoptée en juillet, la nouvelle Constitution renforce les pouvoirs du Premier ministre et du Parlement tout en préservant la prééminence politique et religieuse du Roi. Selon ce texte, le Premier ministre, issu du parti vainqueur aux élections, aura la possibilité de dissoudre la Chambre des représentants, ce qui était du seul attribut du Roi avant le projet de réformes. Le Premier ministre désigné pourrait également, en accord avec le Roi, opter pour un gouvernement d'union nationale avec une large participation de partis politiques. Avant même l'annonce des résultats officiels prévus aujourd'hui, le chef du PJD, Abdelilah Benkirane, s'est dit prêt à un gouvernement de coalition pour défendre «démocratie» et «bonne gouvernance». Les islamistes modérés du Royaume chérifien se voient ainsi pour la première fois dans un gouvernement qu'ils devraient diriger. Ce ne sera pas la première fois qu'un Premier ministre est issu de l'opposition. En 1998, Hassan II avait nommé à ce poste le socialiste Abderrahmane Youssoufi. M. B.