Photo : S. Zoheir Par Badiâa Amarni L'artisanat est un secteur qui cherche encore sa voie en Algérie, mais qui se développe bien. Ce métier ancestral légué de génération en génération est un trésor à préserver et à transmettre, d'autant qu'il est pourvoyeur de richesses en ce sens qu'il permet la création de postes d'emploi parmi les rangs des jeunes et même des moins jeunes.De nombreux programmes sont mis en place pour réhabiliter les métiers de l'artisanat sous toutes leurs formes : vannerie, tissage, céramique, bijouterie, orfèvrerie. Des formations de formateurs sont dispensées pour permettre de mieux former les jeunes dans ce créneau d'activité. Des démarches sont également faites pour écouler les produits, un problème récurrent qui, parfois, décourage les artisans qui se donnent à fond dans leur tâche et qui ne vendent qu'à certaines occasions. Aujourd'hui, des maisons de l'artisanat sont ouvertes, les salons professionnels se sont démultipliés au grand bonheur de ces gardiens des traditions, et des concours pour les encourager à aller de l'avant dans ce qu'ils entreprennent, sont organisés. Tous ces efforts consentis par les autorités à charge ne sont pas vains, puisque le secteur de l'artisanat contribue à améliorer les conditions de vie des populations locales et à générer des recettes pour le pays. D'ailleurs, le secteur a réalisé un chiffre d'affaires de 148 milliards de DA cette année. Les métiers de l'artisanat recensés au premier semestre de l'année en cours représentent 162 activités et employant 425 jeunes artisans, ont réalisé une avancée qualitative. Ceci, grâce entres autres, à la réalisation de 81 infrastructures pour la valorisation des compétences en matière d'artisanat et au soutien apporté à la création des associations d'artisanat qui encouragent les artisans à y adhérer afin de bénéficier des différents projets dan le cadre de la loi sur les marchés publics. Une vingtaine d'associations activent actuellement dans le cadre du système du produit local dans plusieurs spécialités de l'artisanat. Le but, dans un avenir proche, est de permettre de placer le produit artisanal afin d'accéder aux marchés étrangers à travers notamment la promotion de la formation dans le domaine du marketing entres autres. L'Algérie, dans ses efforts de promotion du produit artisanal avait exporté son tapis en Allemagne l'année dernière. Bien d'autres produits ont été placés sur les marchés étrangers mais ces opérations restent isolées et en deçà des objectifs. Les conseils des experts du programme P3a Car souvent, la réglementation et les normes en vigueur en Europe sont strictes et doivent être respectées. Même les goûts des consommateurs doivent être pris en compte si les artisans algériens veulent vendre leurs produits outre mer. Les experts étrangers, Français et Espagnols, qui travaillent avec l'Algérie dans le cadre du programme d'appui à la mise en œuvre de l'accord d'association entre l'Algérie et l'Union Européenne (P3a) rencontrés au débat- déjeuner organisé à l'occasion de l'ouverture, mercredi dernier, du Salon International des métiers de l'artisanat, parlent d'adaptation du produit aux exigences des clients étrangers. Ils évoquent l'innovation, l'imagination dans la conception du produit et le design. Mme Virassamy Catherine, responsable du service information et action internationale à l'Institut national des Métiers et Arts en France représentant la partie française dans le programme du jumelage spécial artisanat initié, déclare qu'elle aime l'aspect brut du produit artisanal algérien et la forte identité qui s'en dégage. Seulement, fera-t-elle savoir, l'artisanat algérien doit évoluer en améliorant les processus, en adaptant les produits aux goûts des clients et évoluer vers de nouvelles tendances, de nouvelles formes… pour aller vers les marchés extérieurs.De son côté, un autre expert Espagnol, M. José Sereno Martinez, conseiller résident de Jumelage auprès de l'Agence nationale de l'artisanat traditionnel, a évoqué l'importance de créer des pièces innovantes et d' avoir de la créativité, ce qui pourra transformer les pièces fabriquées en artisanat d'art. Ce spécialiste dira que la formation en Algérie pose un problème et connaît certaines difficultés car les artisans ne sont pas formés dans le domaine de la conception et de la créativité.En attendant la prise en charge réelle de ces aspects liés à l'innovation, beaucoup de jeunes s'intéressent quand même et de plus en plus à ces métiers. L'Algérie compte actuellement plus de 200.000 artisans, selon les statistiques annoncées par le ministre du Tourisme à l'ouverture, mercredi passé, de la 16 eme édition du Salon international de l'artisanat traditionnel organisé sous le thème “Faire connaître nos coutumes”.