Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Le constat, d'une récurrence lassante, se fait à l'occasion de chaque manifestation artisanale, qu'elle soit de dimension nationale ou internationale : l'Algérie renferme d'énormes potentialités dans le secteur de l'artisanat, expression de la diversité culturelle et «porteur de référents civilisationnels» mais aussi «créneau d'activité économique, générateur de richesses, notamment en matière de développement local et d'insertion des jeunes dans le monde du travail» (dixit le ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Smail Mimoune). Et, ce qui ne gâte rien, les jeunes ne rechignent pas à embrasser une carrière dans les différents métiers de l'artisanat (ceci est également vérifiable à chaque occasion) pour peu qu'ils bénéficient des moyens et outils nécessaires. Or, et c'est là que le bât blesse, les mesures régulièrement prises par les pouvoirs publics pour promouvoir l'activité artisanale buttent sur la réalité économique du pays, et les initiatives enthousiastes des jeunes, porteurs de projets, sont irrémédiablement vouées à l'échec quand elles ne sont pas étouffées dans l'œuf par les blocages administratifs. Un exemple parmi beaucoup d'autres qui en dit long sur la réalité peu enviable du secteur : le bilan pour les cinq dernières années, livré par la Chambre de l'artisanat et des métiers d'Oran à l'occasion du premier Carrefour du jeune entrepreneur qui s'est déroulé la semaine dernière dans la capitale de l'Ouest : l'absence de circuits de vente et d'espaces d'exposition, le manque (certains parlent de détournement vers d'autres espaces) de matières premières, l'anarchie qui continue de marquer l'économie ont provoqué la fermeture de près de 3 200 boutiques d'artisans, notamment dans la tannerie et la transformation du cuir et des joailleries ; 3 200 personnes dont certaines se seront probablement fondues dans le marché parallèle alors que d'autres auront investi d'autres activités non moins clandestines. Les responsables de la Chambre de l'artisanat avertissent que les autres métiers encore en activité sont confrontés aux mêmes difficultés et risqueraient de connaître le même sort. Mieux vaut tard que jamais, Smaïl Mimoune vient d'annoncer qu'un nouveau plan de développement durable de l'artisanat pour l'horizon 2020 est en cours d'élaboration pour «donner une impulsion à l'artisanat et aux métiers artisanaux en vue de leur permettre de contribuer au renforcement et à la promotion de l'industrie artisanale afin de la hisser aux normes de qualité exigées par les nouvelles donnes économiques locales et internationales». Il faut espérer que les premiers concernés sont associés et que ce plan aura de meilleurs résultats sur le terrain que son prédécesseur 2003-2010 qui, lui, portait sur «l'appui à la formation, au perfectionnement et à l'acquisition de l'esprit de compétitivité à même de satisfaire les besoins du marché et d'exporter les produits de l'industrie artisanale». On le voit, ses effets sont mitigés et loin de refléter les intentions exprimées dans l'un des discours du Président de la République qui avait assuré que «l'artisanat, élément important de mise en valeur du patrimoine national, est considéré comme une activité économique importante qui a contribué et contribuera à l'effort national pour le développement.»