Photo : M. Hacène Par Samira Imadalou Le ministre des Finances, Karim Djoudi, a fait hier de nouvelles révélations sur le dossier Djezzy. Repris par l'APS à l'occasion d'une réunion, à Alger, du Groupe d'action financière du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Gafimoan), le ministre a fait état d'obstacles à l'avancement de la procédure d'acquisition de Djezzy par le gouvernement algérien. Le hic réside, selon la même source, dans «certaines contraintes d'ordre légal» liées à l'accord de confidentialité entre les deux parties. Cet accord devrait se traduire par un engagement des deux partenaires «à ne pas dévoiler les contenus de la négociation ou de l'arrangement s'il y a un arrangement, et les propositions y afférentes». Selon un expert, repris également par l'APS, la confidentialité va concerner en plus des propositions des deux parties, la cotation de l'action Djezzy sur le marché et l'évaluation patrimoniale. Apparemment, c'est la divergence sur ces points sensibles du dossier.En d'autres termes, les autorités algériennes et Vimpelcom, nouveau propriétaire d'OTH, maison mère d'OTA, n'arrivent pas à s'entendre sur l'accord de confidentialité sur lequel est basée l'opération d'évaluation de la valeur de l'opérateur de Djezzy.En effet, interrogé sur l'avancement de ladite opération, confiée pour rappel au cabinet d'affaires français Sherman Sterling LLP, le ministre dira : «Bien sûr que non, parce que pour pouvoir faire une évaluation, il faut qu'on ouvre les data rooms, et pour ouvrir les data rooms, il faut un accord de confidentialité. Et cet accord est tributaire d'un accord entre les deux parties.» Et d'expliquer encore : «Les deux parties ne se sont pas encore entendues sur l'accord de confidentialité ; la conclusion a buté sur certaines contraintes d'ordre légal.» Cependant, le ministre n'a donné aucun détail sur la nature de ces difficultés, lesquelles ne font que bloquer un processus entamé il y a 18 mois. Un processus que les autorités algériennes espéraient boucler rapidement. Mais voilà qu'aujourd'hui, de nouveaux éléments viennent retarder l'aboutissement d'un dossier complexe. Le ministre l'a d'ailleurs reconnu hier.«L'affaire Djezzy n'est pas un dossier simple. Si elle l'était, les choses seraient terminées depuis longtemps», a relevé hier Djoudi, tout en souhaitant une conclusion rapide de l'accord de confidentialité. De même que le règlement des contraintes légales. Qu'en est-il justement à ce propos. Il s'agit, selon l'expert repris par l'APS, de la loi 49-51%. «L'aspect légal sur lequel achoppe l'évaluation est de savoir si l'Algérie allait détenir la totalité du capital Djezzy ou seulement sa majorité qui est de 51%», a-t-il dit. Car, et il est utile de le rappeler, l'Algérie a affiché la volonté d'exercer son droit de préemption sur la totalité du capital de Djezzy, alors que le groupe russe avait émis le souhait de conserver, en cas de rachat de Djezzy par l'Algérie, 49% du capital. A noter, par ailleurs, qu'en octobre dernier, l'opérateur russe avait émis le souhait d'abandonner l'option de l'arbitrage international contre une solution à l'amiable, qui va permettre à l'Algérie de prendre une participation majoritaire de 51% dans le capital de Djezzy. Le 16 octobre dernier, le ministre des Finances avait rencontré à Alger le nouveau PDG du groupe russe Vimpelcom Jo O. Lunder, mais rien n'a filtré sur le contenu de leurs discussions, menées dans la plus grande discrétion. Cinq mois plutôt, en mai dernier, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait réaffirmé que l'Algérie était décidée à racheter Djezzy. Mais au fur et à mesure que le temps passe, de nouvelles donnes viennent retarder l'aboutissement de ce projet.