De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Il y a à peine une semaine, un étudiant du département de biologie et de l'Institut national de la maintenance et de la sécurité industrielle à l'université d'Es Sénia était rentré en grève de la faim, tandis que huit lauréats au concours de master en sciences économiques menaçaient de s'immoler par le feu, si l'administration persistait dans sa décision d'annuler les résultats. Au soi-disant pôle universitaire de Belgaïd qui a été inondé par les eaux de pluies, révélant aux responsables et à l'opinion publique les tares et les tricheries dans la réalisation de ce monument de la connaissance et du savoir, les étudiants de la Faculté de droit ont bloqué l'accès de l'université aux autres étudiants, pour protester contre le système d'évaluation et de progression. Du coup, l'administration, après consultation de la tutelle et pour mettre fin aux tensions persistantes, a fini par recourir à la jurisprudence en instituant de nouveau l'ancien système modulaire pour repêcher ou plutôt racheter les étudiants recalés. Dès lors, les étudiants passent en troisième ou quatrième année droit avec des modules en dettes. Ce sont là quelques éléments de tension qui renseignent sur l'état actuel de notre université dans la wilaya d'Oran, où les responsables du secteur semblent échouer, à plus d'un titre, à gérer un système qui se veut, avant tout, flexible et très adapté. Le LMD est dans tous les mouvements de contestation aussi bien de la part des étudiants que des enseignants. Mais ces derniers ne l'avouent qu'à demi-mot pour ne pas avoir à essuyer les foudres de l'administration et de la tutelle ministérielle. Mais le fait est là, le nouveau système pédagogique tâtonne, alors que le système dit classique vit de graves perturbations et déconvenues. L'université d'Es Sénia avait, dès l'année universitaire 2009/2010, mis en branle des domaines de formation et d'enseignement comportant plus de neuf en licence et six autres en master. L'option prise étant que les étudiants avaient le choix entre deux sortes de licence, une licence académique qui permet des études poussées vers le master et le doctorat et une autre professionnalisante qui devait assurer l'embauche des diplômés dans des secteurs économiques et professionnels dès leur sortie de l'université. Cela supposait la signature de conventions conjointes entre l'université et les entreprises. Cela n'a toujours pas été réalisé et aucune avancée notable n'est visible dans ce sens. Du côté des étudiants, l'absence de moyens pédagogiques et leur inconsistance dans certains départements, notamment pour ce qui est des encadrements et des tutorats qui n'ont toujours pas fonctionné, hypothèquent l'esprit du nouveau système pédagogique. «C'est un nouveau système pédagogique qui englobe un certain nombre de paramètres et de visions. C'est tout un programme qu'il faudra mettre en exergue, avec ses spécificités et particularités. Or, plus de quatre années après sa mise en application, nous n'avons toujours pas réussi à tirer les enseignements et les lacunes qui s'imposent à nous», note un professeur du département des lettres. Du côté des étudiants, c'est presque le même son de cloche. «Les études sont devenues très difficiles pour la majorité des étudiants. Cela reste à décortiquer étant donné le taux important d'échec aux examens et des recalés. Pour l'administration qui veut plaire à sa tutelle, tout va pour le mieux sans se soucier de ce qui se passe pour tirer la sonnette d'alarme. Il faut chercher sérieusement ce qui cloche dans cette nouvelle manière d'évaluer et de progresser pédagogiquement», note un représentant de l'UNEA à Oran.