La Cellule de traitement du renseignement financier (CTRF) a reçu 600 déclarations de soupçons de blanchiment d'argent durant les six premiers mois de l'année 2011.C'est ce qu'a indiqué, hier à l'APS, son président Abdennour Hibouche, en marge de la réunion du Groupe d'action financière du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (Gafimoan). Interrogé si la CTRF avait reçu des déclarations de soupçons de financement de terrorisme, M. Hibouche, qui préside également le groupe Gafimoan, a précisé que «pratiquement toutes les 3 000 déclarations reçues jusqu'ici concernent des opérations financières inhabituelles qui peuvent ne pas s'avérer forcément comme des opérations de blanchiment d'argent». En général, la CTRF ne peut faire la distinction entre une opération de blanchiment d'argent et celle concernant le financement du terrorisme qu'après une enquête menée par d'autres services spécialisés dans la lutte contre ces crimes financiers, a-t-il encore précisé. Et d'expliquer que les institutions financières sont tenues, en vertu de la loi de 2005 sur le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme, de faire une déclaration de soupçon à la CTRF en cas d'opération financière apparaissant inhabituelle ou sans justification économique. Sont aussi assujetties à cette loi, les autres professions non financières comme les notaires, les commissaires aux comptes, les avocats et les huissiers de justice. Par voie de conséquence, la CTRF ne peut être informée des autres opérations de blanchiment d'argent sur le territoire national qui s'effectuent en dehors du circuit bancaire, souligne ce responsable. Le blanchiment d'argent est un phénomène très répandu dans les économies informelles qui recourent à une utilisation intensive du cash dans les transactions financières, selon plusieurs experts. Pour y faire face, l'Algérie, soutiennent-ils, doit renforcer les moyens de répression et de contrôle de cette activité frauduleuse qui trouve un terrain fertile dans l'économie informelle. L'utilisation du cash dans presque toutes les transactions financières, à l'exception du secteur public, la circulation et la production de faux billets, ainsi que le renchérissement des prix dans le secteur immobilier, sont autant d'indicateurs qui renseignent sur l'ampleur de ce phénomène, selon ces experts. Il est utile de signaler que l'Algérie est soumise, depuis janvier 2009, aux mesures de contrôle et d'évaluation internationales dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d'argent, étant donné que l'Algérie est membre fondateur du Groupe de renseignement financier dans la région du Moyen- Orient et de l'Afrique du Nord.Pour la destination de «l'argent sale» vers l'étranger et les pays ciblés, notre interlocuteur indique qu'auparavant une partie importante de l'argent blanchi allait vers l'Europe, notamment la Suisse, la France et la Grande-Bretagne, mais aussi les pays du Golfe comme les Emirats et l'Arabie saoudite, avant que d'autres pays, comme la Malaisie, des pays du Maghreb et d'autres pays africains, tels le Mali et Niger, ne s'ajoutent à la liste.Dans le cadre de la lutte contre ce phénomène de blanchiment d'argent et, par-là même, le financement du terrorisme, l'Algérie a conclu plusieurs accords d'association, environ 20 pactes, notamment avec la France, la Belgique la Suisse, le Liban et d'autres pays du Golfe et de l'Afrique. Comme c'est le cas également avec le Canada et les USA. B. A.