Synthèse de Rafik Ilyas La relance de l'économie nationale passe par l'assainissement de l'administration et de l'entreprise à travers la mise en place d'«espaces d'intelligence», en mesure de définir des stratégies et des politiques de développement «efficaces», ont affirmé, jeudi dernier, des économistes et universitaires. Intervenant lors d'un «think tank» sur l'entreprise, organisé par le journal Liberté, l'économiste Abdelmadjid Bouzidi a affirmé que les mesures qui pourraient améliorer la compétitivité des entreprises devront répondre à deux grandes questions : «Faut-il opter pour l'import substitution ou retenir une orientation exportatrice ?» et «Quels sont les secteurs à privilégier ?» Il a estimé, à ce titre, que la réponse à la première question doit tenir compte de la nécessité de rendre le marché intérieur captif et de relancer fortement les investissements, ainsi que la consommation. M. Bouzidi a énuméré dans le même sens six grands secteurs d'activité à privilégier dans la politique gouvernementale, notamment les secteurs de la chimie-pharmacie, l'agroalimentaire et les industries mécaniques. «La mise en œuvre de cette stratégie industrielle doit passer par un plan quinquennal de soutien et d'accompagnement pour les entreprises de ces secteurs», a-t-il ajouté. Cet expert a relevé, en outre, «l'insuffisance» de la démarche du gouvernement en faveur de l'entreprise, soulignant que les mesures prises à l'issue du Conseil des ministres du 22 février dernier «restent silencieuses sur les grandes difficultés de l'entreprise algérienne». L'économiste Abdelhak Lamiri a mis l'accent, de son côté, sur l'importance de réformer l'administration algérienne avant d'aller vers une stratégie globale de développement économique. Cependant, il a fait remarquer que la sociologie politique actuelle «joue contre une véritable réforme de l'administration qui stagne depuis des années». L'ancien ministre, Mohamed Laïchoubi, a plaidé, lui, pour la structuration des espaces d'intelligence (cercles de réflexion) pour les doter du pouvoir de définir des stratégies et des politiques de développement d'ensemble ou sectorielles. Il a préconisé, à ce propos, de faire des différents ministères des espaces d'intelligence. L'universitaire, Mohamed Cherif Belmihoub, a souligné, pour sa part, que les pouvoirs publics peuvent tirer deux avantages majeurs des rapports «Doing Business» de la Banque mondiale pour conduire des réformes. «Il s'agit d'identifier les problèmes potentiels, de tirer les enseignements et de retenir les bonnes pratiques», a-t-il indiqué, estimant que le Doing Business est un «excellent» exercice de comparaison des économies. M. Belmihoub a plaidé, ainsi, pour la mise en place d'un cadre de travail chargé de l'observation et du suivi des indicateurs du cadre réglementaire en impliquant plusieurs parties, notamment les organisations patronales. L'économiste Smaïl Seghir a présenté la Géorgie, qui est passée de la 128e place en 2003 à la 16e position en 2012 au classement Doing Business, comme le meilleur exemple de réussite dans le domaine de l'amélioration du climat des affaires, estimant que l'Algérie peut améliorer davantage son environnement réglementaire des affaires, en prenant comme cadre de référence celui de Doing Business.