Photo : Sahel Par Amel Bouakba Avec plus de 44 000 nouveaux cas de cancer en Algérie, la mise en place d'un plan anti-cancer s'impose plus que jamais pour garantir un accès aux soins de bonne qualité à tous les malades. Professionnels de la santé et associations de malades ne manquent pas une occasion pour réclamer la concrétisation de ce projet et déplorer l'insuffisance des moyens pour prendre en charge les patients, particulièrement pour les soins de radiothérapie qui ne sont pas ou très peu disponibles en Algérie. Les déclarations des responsables de la santé semblent en déphasage avec la réalité. Malgré de multiples effets d'annonce, l'Algérie ne s'est toujours pas dotée d'un plan de lutte contre le cancer, une maladie en constante augmentation dans notre pays. En fait, la mise en place d'un plan semble être, à l'heure actuelle, un vœu pieux. Les 15 Centres anti-cancer (CAC), prévus dans 15 wilayas, ne sont toujours pas opérationnels, malgré les promesses. Les malades continuent d'affluer des quatre coins du pays vers le Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) et celui de Blida. Des structures débordées, qui n'arrivent plus à prendre en charge le nombre important de malades. Pire encore, les moyens de dépistage du cancer font cruellement défaut. C'est le cas pour ce qui est du cancer du sein, une maladie ravageuse ; 10 000 nouveaux cas ont été recensés cette année. Les hôpitaux ne disposent même pas de mammographes. Les malades sont livrés à leur triste sort. Une situation dramatique que les associations de malades et les professionnels de la santé ont à maintes reprises dénoncée. Le professeur Kamel Bouzid, chef du service d'oncologie médicale au Centre Pierre et Marie Curie d'Alger (CPMC) et président de la Société algérienne d'oncologie médicale, a récemment dressé un constat alarmant et inquiétant sur la situation des cancéreux, et appelle à une réaction urgente des plus hautes autorités du pays pour mettre fin au calvaire de ces malades et à la mise en place immédiate d'un plan national anti-cancer. Selon lui, «sur 44 000 nouveaux cas de cancer enregistrés chaque année en Algérie, 28 000 nécessitent un traitement par radiothérapie. Or faute de moyens, seuls 8 000 d'entres eux ont accès à ces soins». «Ainsi, en l'absence de soins, 80% des malades cancéreux décèdent». De leur côté, les participants aux 2es Journées aurésiennes de médecine ont insisté sur la concrétisation du plan anti-cancer, appelant dimanche dernier, à Batna, «à la formation continue des médecins et des spécialistes, à la création de laboratoires de recherche, au respect du timing dans les traitements et les rendez-vous des malades, sans discrimination, et à la rapidité dans la prise en charge des malades». Seule la mise sur pied d'un plan national anti-cancer permettra de mener un travail de prévention et de dépistage à grande échelle, pour lutter efficacement contre cette maladie qui fait des ravages.