Un sit-in de soutien aux patients atteints de cancer est prévu par les médecins résidents et les résidents pharmaciens qui tiennent à témoigner leur solidarité aux malades, cet après-midi, en face du Centre Pierre et Marie Curie à Alger. Les malades atteints de cancer souffrent de l'absence de prise en charge adéquate. Le manque de moyens matériels aggrave leur cas et écourte la vie des plus fragiles. L'accès aux soins, dont la radiothérapie – indispensable pour le traitement de cette maladie grave –, est restreint en raison d'un déficit criard en appareils. Sur 44 000 nouveaux cas de cancer enregistrés chaque année, 28 000 nécessitent un traitement par radiothérapie. Une étape incontournable pour espérer la guérison des malades. Mais l'Etat n'a pas mis les moyens pour assurer un accès à temps à ce traitement. Sur les 28 000 cas susmentionnés, 8000 seulement ont accès à la radiothérapie et, souvent, après une longue attente à haut risque. A haut risque puisque 80% des cancéreux meurent avant leur rendez-vous de radiothérapie. Le constat a été fait le 10 octobre par le professeur Kamel Bouzid, chef du service d'oncologie médicale au Centre Pierre et Marie Curie d'Alger (CPMC) et par ailleurs président de la Société algérienne d'oncologie médicale. A l'intérieur du pays, la situation est aussi catastrophique qu'à Alger. Les malades sont traités dans des délais inacceptables. Echaudé par le constat du professeur Bouzid, Djamel Ould Abbès, ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, tente depuis plusieurs jours de dédramatiser la situation, sans y parvenir. L'annonce de l'acquisition de 57 accélérateurs et la construction de nouveaux centres durant le premier semestre 2012 n'a pas eu l'écho souhaité. Les malades ne croient plus aux promesses sans lendemain du ministre, qui multiplie les sorties médiatiques au lieu de prendre en charge cette situation des plus urgentes. La gravité de la situation a été reconnue par le professeur M'hamed Afiane, chef du service de radiothérapie au CPMC, qui déplore – lire l'entretien réalisé par Djamila Kourta – le manque de moyens matériels au moment où le nombre de malades ne cesse d'augmenter d'année en année. Interpellant les pouvoirs publics, ce professeur prévoit que «les rendez-vous seront de plus en plus éloignés si des capacités supplémentaires ne sont pas apportées». Face à cette situation dramatique et afin de mettre fin au calvaire des cancéreux, le professeur Afiane interpelle les pouvoirs publics pour accélérer les procédures administratives et réceptionner rapidement les structures et les équipements indispensables à la prise en charge de ces malades. Il y a également la nécessité de mettre une politique de maintenance efficace des appareils de radiothérapie. Mais il n'y a pas que cela. Il est urgent aussi de repenser la politique de la santé, qui est en totale faillite. La souffrance des cancéreux résulte de l'absence de stratégie nationale de santé publique.