Les maladies mentales restent très mal perçues. Elles sont souvent vécues comme honteuses, stigmatisantes et font peur, retardant ainsi l'accès aux soins des malades et la prescription de prises en charge spécialisées par leurs médecins traitants. Les personnes souffrant de troubles psychologiques se sentent exclues, rares sont celles qui osent consulter un spécialiste, craignant souvent d'être taxées de «folles». Célébrée le 10 octobre de chaque année, sous le slogan «la santé mentale, priorité mondiale : amélioration des prestations à travers la sensibilisation et l'action collective», la Journée mondiale de la santé mentale a dévoilé des chiffres alarmants sur l'évolution des maladies mentales et l'absence criante de prise en charge. Dans son rapport pour cette année, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que les troubles mentaux touchent presque 12% de la population mondiale. Une personne sur quatre dans le monde, où environ 450 millions de personnes sont recensées, sera à un moment de sa vie atteinte d'une maladie mentale pouvant faire l'objet d'un diagnostic et d'un traitement. Les troubles de la santé ne sont pas discriminatoires et se retrouvent dans chaque pays du monde, chaque culture, chaque tranche d'âge et chaque niveau socio-économique. Mais en dépit de l'ampleur des pathologies mentales, les services de santé mentale et la promotion du bien-être psychique n'ont pas bénéficié du même soutien financier que les autres maladies et les autres secteurs de la santé. Environ 30% des pays du monde n'ont pas de budget spécifiquement consacré à la santé mentale. De nombreux pays, notamment ceux en développement, ne disposent ni d'infrastructures ni de services de santé mentale. C'est le cas de l'Algérie où les services psychiatriques destinés aux personnes soufrant de troubles psychiques graves ne sont pas adaptés puisque les services d'hospitalisation sont essentiels à l'accueil des malades atteints de troubles mentaux graves. Par contre, il existe dans la plupart des pays une prédominance des institutions d'internement telles que les hôpitaux psychiatriques. Selon l'OMS, la façon la plus efficace et la plus globale de gérer la santé mentale consiste en une mixité de services communautaires et hospitaliers. La sensibilisation aux maladies mentales et la défense de ceux souffrant d'une maladie mentale sont et restent la pierre angulaire des progrès et des améliorations du système de santé mentale, estime l'OMS. D'ailleurs, cette organisation a lancé à l'occasion de la Journée mondiale de la santé mentale une campagne de sensibilisation pour promouvoir les droits humains des personnes souffrant de troubles mentaux et lutter contre la stigmatisation et la discrimination. Cette campagne vise essentiellement à résoudre les problèmes majeurs structurels et d'attitude et à générer des résultats positifs dans le domaine de la santé mentale au sein des populations. L'OMS plaide pour faire de la santé mentale une priorité dans le monde et ce, pour tous les peuples et tous les pays. En Algérie, la santé mentale n'a pas bénéficié ces dernières années de l'attention nécessaire. Mais les responsables comptent, à en croire les déclarations de certains d'entres eux, y remédier. Pour cette année, le ministère de la Santé a fait part d'un budget de 6,6 milliards de DA destiné au programme national de santé mentale. Cet argent sera consacré à la réhabilitation des établissements hospitaliers spécialisés pour leur permettre de mener à bien leur mission thérapeutique et de réinsertion sociale des malades mentaux. Il ne faut pas perdre de vue les conséquences dramatiques de la décennie noire et des affres du terrorisme qui ont marqué notre pays. Des conséquences sont visibles chez beaucoup de personnes qui gardent aujourd'hui encore des séquelles mentales. En somme, sans santé mentale et sans bien-être, il n'y a pas de vraie santé… A. B.