Pour beaucoup, la consultation chez le psychologue n'est pas de mise dans nos régions ; cela demeure encore tabou Ces malades, on les retrouve quelquefois dans nos rues, souvent abandonnés par les leurs, livrés à eux-mêmes. On n'a qu'à faire le tour du chef-lieu de wilaya ou des chefs-lieux communaux pour se rendre compte de ce phénomène qui ne cesse de prendre de l'ampleur à côté de la mendicité. Existe-t-il un organisme de prise en charge sociale pour ces malades ? Existe-il une assistance pouvant agir sur le terrain afin de leur apporter une aide effective ? Où commence le champ d'action des services sanitaires publics et où se termine la responsabilité des parents, qui pour certains ont du mal à accepter l'aliénation de l'un des leurs ? Un problème très apparent, notamment dans les localités isolées de cette wilaya où la prise en charge ne semble pas importante. Une unité d'écoute et de suivi vient d'ouvrir ses portes à Aïn El Hammam. Sa première mission, écouter et faire dans la prévention. Mais qu'en est-il des malades qui souffrent quelquefois sans aucune médication ? Pour un médecin du CISM (Centre intermédiaire de santé mentale) d'Aïn El-Hammam, cette catégorie de patients est hors de notre portée. La plupart sont issus de familles fragiles, pauvres et comptant plusieurs malades mentaux à leur charge. Ce qu'ils ne savent pas, c'est que les médicaments, sur ordonnance, sont servis gratuitement par nos soins. Les cas les plus délicats sont orientés vers le CHU ou vers l'hôpital psychiatrique d'Oued Aïssi, à Tizi Ouzou. “Des malades errants” que les services médicaux ont du mal à prendre en charge, faute d'une orientation efficace vers les centres de santé. “Un médecin ne peut pas, à lui seul, gérer la situation.” “Il faut que le suivi débute de la cellule familiale, d'une association ou d'un organisme d'Etat, comme le service social de la commune…”. C'est un mal qui interpelle la société dans son ensemble afin d'établir des relais adéquats, car ces aliénés ouvrent sûrement droit à un soutien réel, à une aide concrète. Il faudra bien prévenir les dérives souvent dues au laisser-aller des familles. Si certains ont investi nos ruelles, à côté des mendiants, d'autres restent cloîtrés chez eux, enfermés et battus, loin de la lumière du jour. Quelle est leur situation ? Personne ne peut dresser de constat faute de coordination. Où se place le travail des services sociaux au niveau des APC ? Le champ d'action de ces derniers se limite malheureusement à la distribution des denrées alimentaires ! Pour nos interlocuteurs, des médecins en particulier, un travail collectif s'impose, notamment en multipliant les cellules d'écoute au niveau des maisons de jeunes, des associations et autres structures d'accueil. Selon une étude, la frange des jeunes reste sensiblement touchée par ce phénomène ; nombreux sont ceux qui souffrent de troubles psychologiques, notamment dans les zones isolées. Des maux dus essentiellement au chômage endémique, au manque de loisirs, aux problèmes familiaux, aux carences de toutes sortes… ce qui conduit souvent vers des actes dramatiques comme le suicide, la consommation de drogue, la dérive sociale, la délinquance, la fuite, la folie… Les chiffres avancés par les spécialistes font état de 5.000 jeunes Algériens, âgés entre 17 et 25 ans, souffrant de schizophrénie. Pour beaucoup, la consultation chez le psychologue n'est pas de mise dans nos régions ; cela demeure encore tabou. Pour les jeunes que nous avons rencontrés : “Il n'y a que les fous qui vont voir un psychologue…”. Un malade mental ne dira jamais qu'il est malade. C'est pourquoi des cellules d'écoute existent au niveau de certains centres urbains, mais celles-ci sont rarement sollicitées. Ce qui nécessite un travail de sensibilisation envers les familles des malades pour les inciter au recours à des consultations préventives et servir par-là même la bonne cause. KOCILA TIGHILT