Les prévisions météorologiques pour les jours à venir sont déprimantes. Tous les sites de météorologie indiquent que de fortes averses sont attendues sur le nord du pays, après une accalmie signalée pour demain par l'Office national de météorologie (ONM). A partir de mardi prochain, des orages importants sont prévus pour la ville d'Alger et le centre du pays. Ces dernières 48 heures, l'ONM a émis deux bulletins spéciaux (BMS), mercredi et jeudi derniers, annonçant de fortes activités pluvio-orageuses sur les régions du nord et du sud du pays jusqu'à hier vendredi. Le cumul des pluies devait atteindre 60 mm dans certaines régions. Chose avérée, puisque, après les inondations qui ont endeuillé la wilaya de Ghardaïa le jour de l'Aïd El Fitr, faisant, selon le dernier bilan officiel, 34 morts, 89 blessés et touchant quelques 1 400 habitations, une nouvelle catastrophe naturelle vient de frapper la wilaya de Aïn Defla. Dans la nuit de mercredi à jeudi derniers, des pluies torrentielles qui ont duré à peine un quart d'heure, se sont abattues sur le flanc sud du mont du Zaccar. Selon un bilan communiqué par la Protection civile jeudi, le débordement de l'oued Guergour a provoqué la mort de 5 personnes et occasionné des blessures à 6 autres au niveau de la commune de Aïn Torki. Par ailleurs, la wilaya de Djelfa a eu à déplorer le décès de deux personnes dans les mêmes circonstances, mercredi dernier. Il est à noter que pratiquement toutes les victimes l'ont été à cause de débordements d'oueds. En partant du principe qu'il n'y a pas de catastrophes naturelles, il n'y a que des phénomènes naturels, comme le soutiennent certains experts, on se rend compte que c'est l'être humain qui est derrière ces ravages. A chaque fois, les grandes tragédies causées par les chutes de pluie sont advenues au niveau ou à proximité d'un lit d'oued d'habitude peu ou pas du tout «abreuvé». Semblant oublier que la nature reprend toujours ses droits, les Algériens s'entêtent à construire sur des zones inondables. A qui la faute ? La responsabilité est certainement partagée entre des citoyens inconscients et des pouvoirs publics permissifs ou trop laxistes. D'aucuns ont l'impression que les enseignements de l'hécatombe causée par les inondations de Bab El Oued, un certain 10 novembre 2001, avec un bilan macabre (800 morts et 100 disparus), n'ont pas été tirés. Réunis mercredi dernier au forum d'El Moudjahid, des experts et des représentants des différents ministères et institutions concernés, sur le thème de la gestion des catastrophes naturelles, confirment le manque de coordination entre les différents secteurs. Des projets en retard, (comme celui de la digue de Ghardaïa dont les études ont été lancées en 1995), retard dans l'élaboration par les collectivités locales des plans d'occupation des sols (POS) et des plans directeurs d'aménagement et d'urbanisme (PDAU). Même la mise en application de la loi n°04-20 du 25 décembre 2004 relative à la prévention des risques majeurs et à la gestion des catastrophes dans le cadre du développement durable ainsi que le plan Orsec ont été mis à l'index. S'agissant du plan Orsec, un quotidien national, dans son édition du mercredi 8 octobre, révèle que l'Algérie ne dispose pas d'un plan Orsec (Organisation de la réponse de sécurité civile). «Cette loi [précédemment citée], élaborée suite au tremblement de terre de Boumerdès, a pour objectif d'introduire de nouvelles règles pour la prévention et la gestion des risques majeurs. Un chapitre entier est consacré à cette question [Orsec] et prévoit, notamment, l'instauration de 5 plans Orsec (national, interwilayas, de wilaya, communal et sites sensibles). Mais voilà, les décrets d'application de ces nouvelles dispositions n'ont toujours pas été pris depuis l'adoption de cette loi», écrit le journaliste. Cette situation est d'autant plus perceptible qu'au niveau des zones sinistrées les pouvoirs locaux semblent à chaque fois déstabilisés et dépassés, sans l'intervention du pouvoir central ou de la solidarité citoyenne. Une mesure prise le mardi 7 octobre par le wali de Ghardaïa confirme le manque d'anticipation caractéristique dans ces cas. Ce n'est qu'après le drame que le premier responsable de la wilaya décrète qu'«aucune construction ne sera tolérée dans le lit et sur les rives de l'oued Mzab» et qu'«une nouvelle vision futuriste d'aménagement et d'urbanisation sera élaborée pour la wilaya de Ghardaïa en tenant compte des aléas climatiques et des zones inondables». Une décision salutaire à suivre de près et surtout à généraliser. Et tous les walis et élus locaux doivent s'y conformer dès à présent et non pas attendre qu'ils soient directement touchés. En attendant, les services météo annoncent de nouvelles pluies orageuses qui toucheront différentes régions du pays. Espérons que, cette fois, les enseignements des inondations de Ghardaïa seront bien assimilés. S. A.