Photo : Riad De notre correspondant à Tizi-Ouzou Lakhdar Siad L'extension vorace et approximative de l'espace urbain du chef-lieu de wilaya de Tizi-Ouzou et d'autres milieux urbains des localités a causé des dégâts, et seul un plan d'urgence de sauvegarde de ces périmètres pourrait empêcher l'effacement définitif de toute trace de normes d'urbanisme et d'architecture de la région de la vue des visiteurs. Les divers fléaux nés de la régression économique et sociale ont accentué les effets comportementaux d'une partie des habitants, partagés entre la recherche d'une survie à l'ombre du chômage dont le taux est pour le moins inquiétant et le manque de perspectives collectives à même de ramener la quiétude et de satisfaire les demandes des charges fixes de la vie de plus en plus angoissante. Par ailleurs, la banalisation d'actes inciviques et contraires à l'éthique citoyenne et aux règles de protection de l'environnement, passe pour un reflexe intériorisé, moralement et socialement acceptable. Quelqu'un a-t-il conçu et réfléchi l'aboutissement d'un tel topo social répulsif ? Forcément oui …et les ressorts de résistance et de propositions existent-elles assez sur le terrain pour apporter un contre- modèle ? Des balbutiements.La prolifération de parkings sauvages est l'un des aspects de cette clochardisation orchestrée de la société. Les innombrables désagréments et dépassements qu'engendrent ces espaces publics squattés sont connus de tous, c'est-à-dire notamment des responsables locaux, avec, à leur tête, les services de sécurité. Si cette pratique devenue courante au fil des années existe depuis un temps, il faudra bien rappeler qu'elle a pris ces proportions actuelles juste après l'accalmie qui a suivi le déroulement des événements graves du Printemps noir de Kabylie en 2001 ; les autorités locales ont sciemment laissé le terrain à des bandes de jeunes qui se sont accaparé des aires visibles, propriété publique par définition, pour en faire des zones de non- droit qui feraient regretter la présence autoritariste des services de l'état remis en cause au cours de ce soulèvement de la région de Kabylie. Faire payer à la population son adhésion à une dynamique de contestation, à l'origine pacifique et démocratique. Le comportement impoli, parfois violent, de ces jeunes, a même engendré mort d'homme, sans que des solutions appropriées ne soient proposées à l'étude, au sein des directions de wilaya concernées, laissant la protection des personnes et des biens fonctionner au gré des turbulences des habitants, des riverains et des passagers. Sans compter les disputes violentes et les bagarres rangées à cause d'espaces convoités par des désœuvrés et même par des personnes dont le casier judiciaire n'inspire nullement confiance et bien connues des différents services de sécurité. La population de la wilaya de tizi-ouzou, surtout les résidents et les fonctionnaires du chef -lieu de wilaya, ont vécu le calvaire pendant presque une décennie. Sans pouvoir recourir aux instances compétentes, absentes et trop permissives à l'égard de ces bandes sans foi ni loi, ne connaissant que le mépris et la violence envers les vis-à-vis. Jusqu'à ce que, au début du mois de mai dernier, les services de sécurité, dans la sillage de l'arrivée du nouveau chef de sûreté de wilaya, donnent le la d'une opération de nettoyage de la ville du commerce informel qui colle d'une manière ou d'une autre à la délinquance locale et aux groupes d'intérêts organisés en mafia de la revente au noir de tout ce qui leur tombe sous la main, y compris les produits et articles interdits et dangereux pour la sécurité et la santé de la population. Mais cette opération «coup de poing» n'a pas été accompagnée par des mesures inhérentes à une démarche globale de résorption du problème du commerce informel, et par ricochet, de la délinquance dans les aires collectives, étant donné qu'aucun plan de lutte contre le chômage et pour le rétablissement de la confiance entre les administrés et l'administration n'a été imaginé ou suggéré. Dans ce cas précis, les APC qui n'arrivent pas à prendre en charge correctement les doléances basiques des mandants (ramassage et collecte des ordures, assainissement…etc.) ne sauraient s'occuper des parkings devenus des lieux de partage de rente, d'insécurité et de banditisme. Avec ses 140 000 habitants, la ville de Tizi-Ouzou par exemple, considérée comme le cœur de la région- centre de Kabylie, a besoin à elle seule, d'un plan d'urgence pour la sortir de l'inertie sur tous les plans. Les 100 000 voyageurs/jour et les 3 570 fourgons aménagés de la wilaya de Tizi-Ouzou ont besoin de parkings modernes, gérés par des professionnels. La réalisation de deux parkings à étages dans le cadre du nouveau plan de circulation de la ville de Tizi-Ouzou, afin de décongestionner la circulation automobile, n'a pas encore vu le jour. Alors, il faut soit abandonner sa voiture, soit prendre tous les risques pour trouver une place pour se garer.