Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Scènes ordinaires du topo quotidien de la ville de Tizi Ouzou, pourtant chef-lieu de wilaya et des plus grandes cités urbaines de la région de Kabylie : saleté, odeurs nauséabondes, communauté croissante de mammifères rongeurs circulant en plein jour, anarchie, clochardisation, espaces publics défigurés par des projets virtuels et les attaques de bandes de voyous agissant dans l'impunité totale, circulation automobile et piétonne asphyxiante, trottoirs squattés, commerce informel florissant, extensions diverses des commerces situés sur les artères commerçantes, destruction organisée des rares espaces verts épargnés par la maffia local du foncier grâce à des actions militantes d'habitants téméraires, violence multiple, jeunesse souffrant d'un hallucinant taux de chômage, rétrécissement inquiétant du champ d'activités associatives, routes saturées, hôpitaux plus que surchargés, transport désorganisé et irrégulier, non-élaboration de plans de circulation, absence d'infrastructures de récupération et de loisirs ainsi que de sites pour la pratique sportive, fermeture prolongée des quelques salles de cinéma et de spectacle existantes, services médiocres au niveau de pratiquement toutes les directions de wilaya et organismes d'Etat et déshumanisation apparente de l'accueil des usagers dans les différentes administrations locales. La liste est encore longue et les habitants peinent à s'organiser pour améliorer leur vécu, alors que la démission des pouvoirs publics est certifiée par tout un chacun à Tizi Ouzou. La situation équivoque avec laquelle sont gérés les parkings (jour et nuit) dans les cités et sur la voie publique, devant des établissements publics, pourrait être présentée comme étant le «modèle» des comportements maffieux qui règnent dans la wilaya de Tizi Ouzou. La semaine dernière, dans une cité populaire de l'est du pays, un jeune de 28 ans a poignardé son cousin âgé de 22 ans pour une minable histoire de place de parking. Il s'agit du dernier crime en date lié à la gestion anarchique et mafieuse des parkings automobiles dans le pays. Sur ce plan, il faut savoir que la quasi-totalité des accès de la ville de Tizi Ouzou sont constamment encombrés, les trottoirs transformés en zone de garage de véhicules, les piétons se disputent l'étroite chaussée sujet elle-même de discorde entre automobilistes devant rouler dans les deux sens, mais qui ne trouvent pas comment avancer dans ce stressant labyrinthe. Pourtant sur papier, tout devait être réglé il y a fort longtemps, trois à cinq années de cela. Mais encore une fois, comme l'a souligné à l'époque dans ce contexte un élu de l'APC de Tizi Ouzou «la volonté politique fait défaut». En plus clair, on ne veut pas de bien pour cette région de Kabylie, cible de plans de dislocation économique et sociale depuis le temps et qui se sont accentués depuis l'éclatement des sanglants événements dits du Printemps noir en avril 2001. Le projet d'un «grand» parking présenté aux membres du conseil exécutif de wilaya de Tizi Ouzou, il y a quelques années, et qui devait être implanté sur les ruines de l'ex-marché de gros de la Nouvelle Ville de Tizi Ouzou est carrément occulte lors des débats en plénière des responsables concernés. Nulle trace sur le site, actuellement abandonné pour des raisons que seules les convoitises qu'il suscite pourraient expliquer. D'une capacité de 371 places, en plus des 59 supplémentaires prévues dans l'esquisse en question, ce parking virtuel de cinq niveaux (R +5) serait doté d'une dizaine de locaux commerciaux. L'autre projet du même acabit (un autre vœu pieux ?) est le centre d'affaires de Tizi Ouzou qui devait être érigé sur le site anarchique qui sert de marché d'habits et autres articles à plusieurs centaines de personnes face au stade de 1er-Novembre de Tizi Ouzou. S'étalant sur une superficie totale de 43 461,42 m2, le centre d'affaires en question est digne d'intérêt pour ses structures annexes imaginées telles que le parkings à quatre étages dont trois en sous-sol de 630 places en plus du centre commercial et d'un espace de loisirs. Officiellement, on met en avant l'opposition manifeste de jeunes des quartiers de la Nouvelle Ville de Tizi Ouzou qui refusent de voir occuper les locaux délabrés des ex-galeries algériennes à Azib-Ahmed destinés à accueillir les propriétaires des 253 commerces de l'actuel site du stade du 1er-Novembre qui prétextent une ancienneté de plusieurs années d'exercice de leur activité. En tout cas, ce ne sont pas les responsables directs et indirects de tous ces retards dans l'exécution des projets de développement de la région de Kabylie qui risquent de mourir d'ennui et de lassitude dans les rues et quartiers de la wilaya de Tizi Ouzou.