Photo : Riad De notre correspondant à Annaba Mohamed Rahmani L'assemblée générale des travailleurs de la tuberie sans soudure (Pipes and Tubes Algeria), tenue hier au niveau de cette unité dont l'Etat détient 30% du capital, a été l'occasion pour les secrétaires généraux des syndicats ArcelorMittal, TSS, et du groupe Anabib de faire le point sur la situation de crise que traverse cette usine, de dénoncer l'exclusion dont est victime la production nationale de la part de Sonatrach et de Sonelgaz s'agissant des soumissions. Ainsi, l'on apprend par le représentant du groupe Anabib qu'Altumet, une entreprise qui emploie près de 1 000 travailleurs, est, elle aussi, victime de ces pratiques qui nuisent à l'économie nationale par le fait que des commandes sont livrées par des traders étrangers. Selon Mebarak Moussaoui, SG du groupe, une commande de 160 km de tubes a été confiée à un trader turc alors qu'elle devait revenir normalement à Altumet dont le plan de charge est presque nul. Ce trader est exclu de la zone euro par le fait que son produit est subventionné par l'Etat turc ; ce qui, en Europe, est interdit puisque faussant les règles de la compétitivité. «On ne s'en embarrasse pas trop ici chez nous, lance-t-il, à l'adresse des 358 travailleurs présents à l'assemblée générale. On tue nos entreprises qui ne demandent qu'à travailler. Cela aura des répercussions sociales terribles et nos travailleurs iront grossir le nombre des chômeurs au moment où l'Etat algérien fait tout pour relancer l'économie nationale ; on assiste à un sabotage en règle, cela ne peut pas continuer !» Smain Kouadria, secrétaire général du syndicat ArcelorMittal du complexe sidérurgique d'El Hadjar, prendra la parole, lui, pour exhiber un document intitulé SOS où il est mentionné que la part des traders du marché algérien des tubes a été, durant l'exercice 2009/2010, de 41,45%, représentant 731 millions de dollars. «C'est la part des beznassa (affairistes, ndlr), a martelé Kouadria. Où est la protection du produit national ? Où est la préférence nationale ? Etat régulateur de l'économie où est-tu ?» Le tableau accompagnant le document montre que toutes les commandes de Sonatrach ont été prises par des Américains, des Libanais, des Hollandais et des Chinois. Le trader libanais, à lui seul, a engrangé 454 millions de dollars se faisant une part de marché de 25,70%, alors que Pipes and Tubes Algeria a été disqualifiée et sa soumission rejetée. «La situation est grave, a déclaré le secrétaire général du syndicat de cette dernière entreprise. Il s'agit pour nous de définir les suites à donner à cette situation de crise dont les travailleurs ne sont nullement responsables. Nous ne demandons qu'à travailler, nos clients sont des nationaux qui normalement devront passer leurs commandes auprès de nous pour le bien de tous, dans l'intérêt de l'économie nationale et pour l'Algérie. Cela ne s'est pas fait, il faudrait des solutions urgentes, les pouvoirs publics doivent intervenir. Les ministres de l'Energie et de l'Industrie ont fait des promesses qu'ils n'ont pas tenues à ce jour et donc, nous allons avoir recours à d'autres moyens.» A la fin de l'AG, il a été décidé de présenter le dossier au SG de la Centrale syndicale Ugta qui plaidera la cause de cette entreprise auprès des hautes autorités du pays, entre temps des sit-in seront organisés devant le siège du groupe Sider à Chaïba, en dehors du complexe sidérurgique en attendant que la situation soit réglée.