C'est à une attaque en règle contre les importateurs véreux des produits sidérurgiques que s'est livré Smaïl Kouadria, le tonitruant secrétaire général du syndicat de la société mixte algéro-indienne de sidérurgie ArcelorMittal Annaba. C'était hier lors de la conférence de presse qu'il a animée. A l'ordre du jour, l'application des dispositions arrêtées par la tripartite concernant le secteur économique privé dont ArcelorMittal Annaba. Son intervention et ses réponses aux questions des représentants de la presse écrite et audiovisuelle ont été nuancées. Mais elles tenaient beaucoup plus à la détermination des travailleurs de défendre leur outil de travail qu'à autre chose. Pour preuve, les dossiers que le SG du syndicat a abordés : la protection de la production nationale des produits sidérurgiques dont les tubes sans soudure (TSS), la situation du marché national de l'acier, le cas des importateurs et traders des produits sidérurgiques et la simulation sur les salaires de base actuellement en vigueur à ArcelorMittal avec projection en cas de revalorisation du salaire national minimum garanti (SNMG). «Vous avez une liste de plusieurs importateurs de ces produits qui n'hésitent pas à utiliser des moyens illégaux pour inonder le marché national de 1,5 million de tonnes/an de rond à béton et autres produits sidérurgiques, importés par des moyens autres que légaux, très préjudiciables à l'économie nationale, qui opèrent à nos frontières». Bien que pressé de questions sur cet aspect, le SG du syndicat n'en dira pas plus. Il était entouré des membres du conseil syndical de l'entreprise et du président du comité de participation. Il survolera le débrayage de la mine de l'Ouenza qui en était à son 10e jour hier en affirmant : «Toutes les perturbations auxquelles sont confrontées nos filiales, unités et structures annexes sont le fait de ceux qui s'opposent au combat que nous livrons contre la corruption et les malversations». Le mouvement en question, déclaré illégal par la direction générale, a imposé à celle-ci de recourir à l'importation de 6 000 tonnes/jour de minerai. Il était temps que pareille décision soit prise après un début d'année 2011 morose suivie depuis juin par une reprise de la production. Ces aspects et beaucoup d'autres ont été abordés par Smail Kouadria. Tout en donnant sa compréhension de l'article 87 bis du code du travail, il a estimé nécessaire une répercussion de toute revalorisation du SNMG de 15 à 20 000 dinars sur les salaires de base actuels à ArcelorMittal. Le plan d'investissement de 500 millions de dollars est un autre aspect abordé par Kouadria. Selon lui, ce plan approuvé par le Conseil de participation de l'Etat (CPE) verra la participation financière du groupe des entreprises publiques Sider à hauteur de 30% financés par le Fonds national d'investissement à un taux bonifié. «Nous avons sensibilisé tous les responsables des plus hautes institutions sur la nécessité d'imposer aux entreprises publiques d'octroyer à ArcelorMittal un plan de charge pour leur approvisionnement en tubes sans soudure. Nous travaillons dans le sens des intérêts de notre pays et des travailleurs. Nous attendrons une dizaine de jours après la prochaine tripartie pour décider des actions à entreprendre pour défendre la production nationale qui n'a rien à envier à celle de l'importation» a-t-il souligné. Il a par ailleurs précisé que les tentatives de déstabilisation du pays par le biais de Facebook ne réussiront pas. Il a par souligné son étonnement quant à l'absence de réaction des responsables à différents niveaux des institutions de l'Etat et sur la véritable motivation de ceux qui tirent les ficelles dans des opérations de déstabilisation constantes. Qui a intérêt à ce qu'ArcelorMittal Annaba prenne eau et empêche la direction générale de boucher les trous avec pour objectif de limiter à sa plus simple expression la production au complexe sidérurgique El-Hadjar ? Tout en soulignant l'inanité des opérations de déstabilisation que des importateurs corrupteurs et corrompus fomentent pour mettre à genoux la sidérurgie algérienne, le SG des syndicalistes sidérurgistes a indiqué que ces tentatives ont eu un effet contraire avec une production en constante hausse. Pour Smaïl Kouadria, ces résultats ne sont pas du goût des animateurs locaux de la mafia des produits sidérurgiques. Une bonne production à ArcelorMittal implique nécessairement une baisse de leurs importations et de là, le tarissement d'une source appréciable de blanchiment d'argent et de placements sur les comptes bancaires à l'étranger. Avant de conclure son intervention, il fera référence à la correspondance adressée par la direction générale ArcelorMittal Annaba au ministre de l'Industrie, de la Promotion de l'investissement et de la PME. Sans l'énoncer clairement, Vincent le Gouïc, le directeur général d'ArcelorMittal, semble vouloir émettre un ultimatum aux décideurs algériens quant à solutionner rapidement le problème du plan de charge de la TSS : «En conclusion, malgré l'ensemble des efforts, d'investissement, de formation et d'amélioration ArcelorMittal pipes and tubes Algérie et d'amélioration que nous avons mis en œuvre ces dernières années, TSS est à l'arrêt depuis plus de 15 mois faute de commandes. Chacun comprendra que cette situation ne peut plus durer longtemps.» Cet ultimatum est approuvé par l'ensemble des travailleurs et le syndicat de l'entreprise qui eux ont fixé à 10 jours après la tenue de la prochaine tripartite pour réagir au cas où la situation de la TSS resterait inchangée.