Lors d'une rencontre tenue au Luxembourg, les 27 ministres de l'Energie de l'UE sont parvenus à un accord sur l'ensemble du «paquet marché intérieur» de l'électricité et du gaz, mais tout en étant forcés de revoir à la baisse les plans énergie et climat pour éviter de fragiliser encore les industries européennes, suite à la crise financière. Cependant, réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20% en 2020 par rapport à leur niveau de 1990 est considéré par les dirigeants même de certains pays du Vieux Continent comme contraignant pour l'industrie lourde. La France, présidente en exercice de l'UE, a, par le biais du ministre de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de l'Aménagement du territoire, Jean-Louis Borloo, avait déclaré que l'UE devait avancer avec prudence : «On peut parler de paradoxe, parce qu'à la fois la crise [financière] est très présente dans les esprits et, en même temps, c'est une réponse structurelle à terme à d'autres crises ou à des crises de ce type auxquelles nous nous attaquons.» Toutefois, la problématique de réduire les émissions de gaz à effet de serre a mis à nu les divergences entre certains pays membres. Contrairement à la France, la Pologne a, en effet, indiqué que l'introduction de la mise aux enchères intégrale dans le secteur de l'électricité, à la suite de la mise en œuvre du paquet «climat-énergie» en 2013, entraînera un ralentissement de la croissance économique et une détérioration de la sécurité énergétique de l'UE. L'instauration dès le départ de ce système dans le secteur de l'électricité provoquera un renchérissement rapide de l'électricité parce que les centrales seront obligées d'acheter aux enchères la totalité des quotas dont elles ont besoin. Selon la même source, ce renchérissement sera le plus marqué dans les Etats membres dans lesquels l'électricité est produite principalement à partir du charbon. Plutôt que de contribuer à promouvoir les technologies de combustion propre, fait remarquer la Pologne, l'instauration de la mise aux enchères intégrale affaiblira les économies dépendantes du charbon parce que celles-ci seront obligées d'acquérir un volume de quotas proportionnellement plus élevé, ce qui accentuera les risques de fuite de carbone. Elle estime que les conditions susmentionnées rendront la production d'électricité à partir de charbon inabordable dans de nombreux Etats membres, et la situation sera encore aggravée par le fait que les interconnexions limitent les possibilités d'importer de l'électricité. «Si on tient compte de la croissance prévue de la demande d'électricité dans l'UE pendant la période 2013-2020, la dépendance vis-à-vis du charbon ne diminuera pas significativement, même en cas d'augmentation substantielle de la part des sources d'énergie renouvelable dans la production électrique des Etats membres fortement dépendants du charbon», estime-t-elle plus loin. Par conséquent, ce pays a demandé à la Commission européenne d'expliquer quelle sera, selon elle, l'ampleur de la détérioration de la sécurité énergétique de certains Etats membres à la suite de l'obligation dans laquelle ils se trouveront d'importer du gaz provenant de l'extérieur de l'UE pendant la période 2013-2020 afin d'atteindre les objectifs de réduction des émissions. L'accord intervient également à un moment où les eurodéputés ont appelé mardi dernier à sanctionner les Etats membres n'atteignant pas leurs objectifs nationaux. «Les Etats membres devraient se voir infliger des amendes et des sanctions s'ils ne respectent pas leurs objectifs de réduction d'émissions de CO2 provenant de secteurs qui ne sont pas couverts par le système communautaire d'échange de quotas d'émission», a souligné la commission de l'environnement. R. E.