De notre corespondant à Tizi Ouzou Malik Boumati L'Algérie s'est dotée ces derniers mois d'un nouvel instrument dont la mission principale est de collecter l'épargne des travailleurs qui deviennent des actionnaires pour l'injecter dans le circuit économique national par le biais d'investissements dans les petites et moyennes entreprises (PME). Le Fonds de soutien à l'investissement pour l'emploi (FSIE) est né, effectivement, au mois de janvier dernier, même si son existence juridique remonte plutôt à l'année 2004 à travers la loi de finances pour 2005. Son directeur général, Mohamed Tessa, compte lancer la campagne de souscriptions au début du mois prochain, avec comme prévision de départ quelque 3 000 souscripteurs avant la fin de l'année. C'est que M. Tessa semble convaincu, même s'il dit souhaiter que cela sensibilise les travailleurs et les travailleuses, que les arguments qu'il présente sont assez forts pour provoquer des souscriptions massives parmi la masse des employés. C'est le premier organisme financier en Algérie à recourir à des ressources extra-étatiques pour financer l'investissement. Un fonds qui permettra aux travailleuses et aux travailleurs de conforter leur retraite avec des dépôts opérés tout au long de leur vie active. «Le premier avantage est la bonification offerte par l'Etat qui est de 10% pour chaque action souscrite. Le second concerne les exonérations fiscales prévues par la loi et qui touchent directement le produit des placements des actions. Quant au troisième avantage, il est utilisé pour créer et préserver des emplois, donc, c'est un avantage lié à la solidarité des travailleurs», dira Mohamed Tessa, dans un entretien à un confrère non sans aborder d'autres avantages comme la formation «une activité novatrice du Fonds en ce sens qu'elle constitue un moyen pour les travailleurs d'accroître leurs connaissances des rouages financiers de leur entreprise et qui permet également de faciliter le dialogue social et d'améliorer leur relation professionnelle». Le directeur général du Fonds ne s'arrêtera pas là puisque la campagne qu'il a lancée, lui et ses collaborateurs ainsi que les responsables de la centrale syndicale, est mise à profit pour sensibiliser les travailleuses et les travailleurs autour de la nécessité de souscrire au FSIE. Une campagne lancée la semaine dernière à partir de Tizi Ouzou où M. Tessa, entouré des syndicalistes UGTA des entreprises publiques de la wilaya ainsi que de l'expert québécois, Michel Dorion, dont l'expertise est née de l'expérience du Fonds de solidarité de la FTQ (Fédération des travailleuses et des travailleurs du Québec), lancé il y a 25 ans. Donc, c'est en force que les responsables du Fonds se lancent dans la campagne de mobilisation et de sensibilisation qui devrait permettre de réussir le lancement, dans trois semaines environ, de la campagne de souscription qu'ils entameront auprès des travailleurs grâce à l'appareil de l'UGTA engagé dans cette opération. D'ailleurs, les responsables de la centrale syndicale participent activement à la campagne à travers des déclarations publiques dans lesquelles les avantages des souscriptions sont martelés. L'un des membres de l'organisation syndicale dira à propos du Fonds qu'il «s'agit pour l'essentiel d'encourager l'épargne des travailleurs, d'assurer sa collecte et de la transformer en capital pour la rendre plus productive, notamment en investissant dans des petites et moyennes entreprises ». Se disant conscient que celles-ci jouent un rôle déterminant dans la création de richesses et d'emplois, l'UGTA considère le Fonds de soutien à l'investissement pour l'emploi comme un nouveau véhicule d'investissement qui peut constituer une contribution à la résolution des problèmes concernant notamment «la création et la préservation de l'emploi, la formation économique des travailleurs à la connaissance des mécanismes financiers qui régissent l'entreprise, la promotion de la petite et moyenne entreprise, la facilitation du dialogue social et les options constructives et nationales face au processus de la mondialisation». Pour les modalités de souscription qui restent volontaires et sans contraintes, les souscripteurs seront appelés à acheter des actions à 200 dinars avec une bonification de l'Etat de l'ordre de 10%, avec cette condition que le souscripteur n'aura pas droit à la bonification au-delà du plafond de 22 200 par souscripteur et par an. La souscription pourra se faire individuellement au niveau des représentations du Fonds dans les différentes régions mais il existe également la formule de la retenue à la source pour laquelle les travailleurs pourront opter. C'est l'employeur qui se chargera de la retenue dans le cas où il emploie plus de dix employés, comme l'exige la loi n° 04-21 du 29 décembre 2004 portant loi de finances pour 2005, portant création du FSIE, dans son article 62 alinéa 2.