La moitié des souscriptions de ce fonds vise à financer les PME. Une souscription est fixée à 200 DA et bonifiée par l'Etat à raison de 10%. Une journée d'étude sur la vulgarisation du Fonds de soutien à l'investissement pour l'emploi (FSIE) a été organisée, hier, au siège de l'Eniem à Tizi Ouzou, en présence des responsables des entreprises de la région, des syndicalistes de l'UGTA ainsi que des représentants du FSIE. A également participé à ce séminaire un expert canadien de la FTQ (Fédération des travailleurs du Québec). Le directeur du FSIE, Mohamed Tessa, a mis d'emblée en exergue l'intérêt des travailleurs, et plus généralement le public, à souscrire à des actions de ce nouvel instrument du paysage financier algérien. Arezki Lehiani, du même organisme, a rappelé les étapes historiques qui ont présidé à la création de ce fonds. “Le fonds est né d'un consensus social”, dira l'orateur qui a explicité les missions et les objectifs du FSIE. L'une des missions vise, en effet, la création et la sauvegarde des emplois ainsi que le financement des PME. Mais pour y parvenir, la sensibilisation du public à l'épargne individuelle est indispensable. D'où cette série de rencontres entre FSIE, syndicat et staff d'entreprises qui touchera plusieurs wilayas du pays, ajoute encore M. Lehiani. Michel Dorion, expert juridique du fonds de solidarité de la FTQ, a disserté, lui, sur l'expérience du Québec en la matière. Le Fonds de solidarité du Québec a été créé dans un contexte de crise économique il y a 25 ans. À l'époque, le pays de l'Erable vivait une crise sans précédent sur le plan social et économique : un taux de chômage qui frise les 15%, un taux d'intérêt bancaire qui caracole autour des 20%, des entreprises qui avaient de moins en moins de capitaux. L'essentiel des entreprises faisait face à une situation de faillite et ce, au moment où l'Etat s'est désengagé de la sphère économique. C'est dans ce contexte que la FTQ avait proposé un sommet économique pour appréhender la situation. Selon M. Dorion, le gouvernement de son pays était à l'époque réceptif aux propositions des acteurs du monde du travail. La naissance du Fonds de solidarité était une réponse à la crise de l'emploi. À la première année du lancement du fonds québécois, le nombre des actionnaires était de 5 000, avant de passer, 25 ans plus tard, à quelque 570 000. Cette opération a permis de créer 150 000 emplois. C'est cette expérience que l'Algérie essaie de mettre en œuvre dans une sorte de “copier-coller”. Le FSIE a bénéficié de l'expertise de son partenaire canadien avec qui il est lié par une convention signée le 22 août dernier. La philosophie du FSIE a été inspirée d'ailleurs du Fonds de solidarité de la FTQ. La maturation du projet a été l'œuvre d'une tripartite : l'Etat, l'UGTA et le patronat. Sa mission essentielle est de recueillir l'épargne individuelle qui sera ensuite investie dans les PME. Ce nouvel organisme financier a un rôle économique et social indéniable, selon ses promoteurs. M. Tessa table sur l'adhésion de quelque 3 000 souscripteurs d'ici la fin de l'année en cours. La moitié des souscriptions de ce fonds vise à financer les PME, tandis que l'autre moitié fera l'objet de placements sécurisés. Chaque souscription est fixée à 200 DA bonifiée par l'Etat à raison de 10%. Le FSIE ambitionne de développer l'actionnariat dans un pays où la Bourse fonctionne encore dans un contexte de sous-développement qui rappelle l'âge de la pierre taillée. Le FSIE, qui est une personne morale de type SPA, dont les missions ont été précisées par décret du 16 mars 2006, a eu son autorisation légale le 8 janvier 2008. Il est en phase de structuration et de mise en place de ses outils organisationnels avant d'entamer les premières souscriptions qui sont attendues pour le courant de ce mois-ci. Bien entendu, l'actionnariat que veut développer le fonds sera “supervisé” par la Cosob (Commission de surveillance des opérations boursières). Yahia Arkat