La catastrophe qui a endeuillé dernièrement la wilaya de Ghardaïa vient nous rappeler encore une fois que les citoyens sont loin de tirer les leçons des différents bouleversements qu'a subis notre pays. Connue pour être une région sismique, très exposée aux incendies, aux tempêtes, l'Algérie subit depuis la nuit des temps des catastrophes naturelles diverses. Sur ce point, le doute n'est plus permis. Il est donc évident que le citoyen doit se protéger contre ces risques qui sont de plus en plus dangereux, amplifiés par la croissance démographique et les réaménagements qui se font dans les villes d'une manière anarchique. L'assurance contre les catastrophes naturelles (CAT-NAT) qui est un des moyens pouvant pallier du moins une partie des pertes, est loin d'être une culture ancrée au sein de la société algérienne. Pourtant, le cadre réglementaire existe bel et bien. Où se situent les défaillances ? Pourquoi les Algériens sont-ils peu demandeurs de cette branche d'assurance ? A Ghardaïa, où les dégâts matériels sont malheureusement énormes, les citoyens ayant opté pour une assurance CAT-NAT dans cette région du pays ne dépassent pas les 500 personnes. Au niveau national, le chiffre est effarant. Le taux d'assurance CAT-NAT arrive difficilement à la barre des 10%. Les Algériens sont-ils inconscients de la réalité, du danger, de la menace qui les guette à tout moment ? Sont-ils nihilistes pour accepter cette fatalité ? Ces questions devraient provoquer un débat national dans la mesure où le caractère urgent de cette question impose des mesures. Les inondations de Bab El Oued et le séisme de Boumerdès ont relativement fait bouger les choses, mais on est loin d'atteindre le seuil minimum. Celui qui paie la facture en fin de compte, c'est toujours le Trésor public. S'assurer contre les catastrophes naturelles est considéré évidemment comme un investissement de longue durée, cependant la fréquence des catastrophes particulièrement en Algérie devrait être un exemple édifiant pour sensibiliser nos concitoyens quant à la portée de cette branche. Depuis 2001, l'Algérie a connu un nombre important de catastrophes naturelles, voire trois catastrophes d'envergure nationale en l'espace de quelques années, ajoutées aux inondations qui surviennent d'une manière fréquente. C'est dire à quel point notre pays est vulnérable et exposé aux risques majeurs. Faut-il dramatiser, de ce fait, pour attirer les citoyens à contracter une assurance ou carrément les obliger à le faire sous la menace qu'ils ne bénéficient plus des indemnisations lors des catastrophes éventuelles ? La problématique est complexe, et les lois de la République sont claires. L'ordonnance du 26 août 2003, promulguée après le séisme de Boumerdès, oblige les propriétaires de structures publiques bâties, logements, entreprises industrielles et/ou commerciales, à souscrire une assurance CAT-NAT. Les pouvoirs publics devraient, à défaut de cette prise de conscience, réfléchir et trouver des formules plus adéquates, celles qui peuvent coller à la réalité sociale algérienne. Une enquête réalisée en mai dernier par l'Irsico, pour le compte du Conseil national des assurances (CNA), a monté que les Algériens qui ont souscrit une assurance sont peu nombreux. Sur un échantillon de 1 500 chefs de famille, répartis à travers huit wilayas, 10% seulement affirment avoir souscrit une assurance, selon les résultats de l'enquête. Ceux qui ne l'ont pas fait justifient leur désaffection par manque de confiance envers les compagnies d'assurances (20%), ou pour des raisons financières (35%). Tandis que d'autres affirment ne pas savoir que ce genre d'assurance est obligatoire. Cette enquête confirme en effet que la culture de l'assurance en Algérie est à promouvoir. Donc, à la lumière de ce travail, il ressort que la sensibilisation reste le nœud gordien à trancher. Un travail qui incombe évidement aux compagnies d'assurances et aux pouvoirs publics. Il suffit peut-être de copier ce qui est appliqué à l'assurance auto, car là il n'y a pas de problème… S. B.