Amnésie n A chaque fois que les intempéries emportent des vies humaines, on enterre les victimes, on fait des promesses… et on oublie. Il semble que les responsables des collectivités n'ont pas retenu les leçons du passé. Et les intempéries continuent d'engendrer de nombreuses victimes et dégâts à travers les différentes régions du pays ! Les précipitations pluviométriques ne sont, bien évidemment, pas à incriminer, puisque les vrais responsables de ces pertes sont les responsables qui ne veillent pas à réaliser des travaux à même de mettre les citoyens à l'abri des caprices de Dame Nature. Il ne se passe pas une période où les fortes précipitations ne causent pas de pertes, et ce sont pratiquement les mêmes localités qui subissent les dégâts. Les inondations qu'a connues Bab El-Oued (Alger), en novembre 2001 sont, pourtant, restées gravées dans la mémoire des Algériens. Mais, semble-t-il, pas dans la mémoire des responsables ! Dans la matinée du 10 novembre 2001, des pluies diluviennes, d'une rare violence, s'étaient abattues sur Bab El-Oued. Bilan : 800 morts, des dizaines de blessés et de sans-abri. La folie de l'oued M'kessel, descendant des «gorges» du Frais-Vallon, charriant des tonnes de boue a engendré une catastrophe. Un long débat a suivi ce désastre, mais rien n'a été fait depuis. On a beaucoup parlé de la nécessité de la réhabilitation de tous les réseaux d'assainissement pour éviter d'autres catastrophes de ce genre. Des «pluies» de discours se sont alors abattues et «ont inondé» les oreilles de tous les citoyens. Ces discours se sont avérés creux, car les pluies ont encore fait des victimes. Sept ans plus tard, les habitants de Ghardaïa ont subi le même sort. Début octobre 2008, de fortes intempéries ont causé le débordement de l'oued M'zab, faisant plus d'une trentaine de morts, des dizaines de blessés et de sinistrés. Les discours prometteurs ont «réapparu» avec, cette fois-ci, plus de «détermination» à protéger les Algériens des inondations. Et voilà que tout ce qui a été dit n'a pas été réalisé sur le terrain. Il y avait des morts et des blessés entre 2001 et 2008 et d'autres depuis les inondations ayant endeuillé la paisible ville touristique de Ghardaïa. Certaines localités du pays, notamment, celles de l'intérieur et du Sud, ne disposent même pas de réseaux fiables d'assainissement. A Naâma, El-Bayadh, Khenchela, Annaba, Oued Souf… les habitants ont désormais une phobie de la pluie. Car il suffit de quelques heures de pluies pour perdre des vies humaines, du cheptel et des maisons construites généralement en pisé. Une chose est certaine : tant qu'une réhabilitation «sérieuse» de tous les réseaux d'assainissement n'est pas opérée, les intempéries continueront, sans nul doute, à causer des morts et des dégâts…