Face aux risques économiques et à la persistance des crises financières dans le monde, l'Algérie a décidé de constituer sa propre cellule de veille qui se basera, à partir de cette année, sur trois modèles d'équilibre général. Il s'agit du modèle d'équilibre général algérien (Mega) basé sur plus de 2 000 équations, le modèle algérien de simulation et de prévisions macro-économiques, Maspm, et le modèle d'analyse des facteurs influents sur l'économie.Cette cellule mise en place en 2008 a été renforcée par de nouveaux éléments qui lui permettront de mieux cerner les questions et les risques auxquels l'économie algérienne est confrontée. Selon les explications du directeur général des prévisions et politiques au ministère, Ferhane Sidi Mhamed, «cette cellule a été installée par le Premier ministre depuis fin 2008. Ses membres se réunissaient mensuellement suite à la crise économique des subprimes de 2007/2008 et chaque mois elle rendait compte des tendances des cours boursiers des produits de base dans les principales places internationales». Cependant, «depuis fin 2010 et avec l'accélération des impacts et des retombées de la crise économique, qu'on peut appeler crise financière de la dette souveraine, on était instruit de se réunir chaque semaine et on compte parmi nous le ministre des Finances qui transmet les notes au Premier ministre et les tendances et, à la fin de chaque mois, on élabore une agrégation de ce qui se fait hebdomadairement», nous a expliqué M. Ferhane. Les entreprises étrangères et les banques sous la loupe Le travail de cette cellule touche principalement les foyers de crise mais aussi d'autres pays partenaires de l'Algérie. «On plus de cette surveillance, cette cellule de veille élabore des synthèse dès qu'il y a un problème qui se pose dans une région en Europe ou ailleurs ou une décision prise par la BCE ou par la banque centrale d'un autre pays. Donc, on essaye de voir quels pourraient être leurs impacts sur notre économie», détaille le même responsable. Il ajoutera aussi qu'en plus il y a d'autres possibilités et d'autres créneaux surveillés pour voir s'il n'y a pas un impact qui pourrait toucher l'économie algérienne à travers, par exemple, les entreprises étrangères qui travaillent en Algérie, «parce que si la maison mère d'une entreprise étrangère tombe en faillite, le projet qu'elle réalise en Algérie peut s'arrêter». Le créneau bancaire est également au menu de cette cellule, selon la même source. Le responsable dira sur ce point que cette cellule analyse «la situation des banques algériennes qui ont des transactions avec les banques étrangères. Donc, s'il y a des garanties, des montants qui se font à travers ces banques, on est en train de voir leurs états, c'est ce qu'on appelle les correspondants bancaires de nos banques». Evoquant la question de la modélisation, notre locuteur a estimé qu'il s'agit d'«une action nouvelle en Algérie parce que d'autres pays ont déjà constitué leurs modèles d'équilibre général il y a longtemps». «Nous, auparavant, avions des modèles au niveau des finances ou dans d'autres secteurs, mais ce sont des modèles partiels. Ils étudient un bloc ou un volet de l'économie uniquement», a-t-il dit.
Pétrole, FRR et Sonatrach : des éléments de surveillance «Maintenant, ajoute-t-il, avec les modèle qu'on a constitué, on peut calculer l'impact d'une mesure d'un choc par exemple, une baisse des prix du pétrole pour 2012 et quand on introduit cet élément ou cette variation des prix dans ce modèle, il va nous donner l'impact sur toute l'économie, à savoir la consommation, l'investissement, l'emploi et la production.» Quant à l'élaboration de ces modèles, M. Ferhane a indiqué qu'ils ont été «construits avec des cadres algériens». Et c'est la raison pour laquelle, ils «sont spécifiques». Plus explicite, notre interlocuteur dira qu'on était «obligé d'introduire lors de leur élaboration des éléments qui sont propres à l'Algérie tels que l'agent «prix du pétrole» (il y a quatre agents dans l'économie : l'Etat, l'entreprise, le ménage, le secteur financier et un agent extérieur). Mais nous avons introduit d'autres agents tels que Sonatrach et le Fonds de régulation des recettes FRR». Enfin, pour les effets de la crise de la dette sur l'Algérie, notre interlocuteur a souligné que s'«il y a récession dans les régions touchées, notre pays sera touché». «Mais grâce aux disponibilités qui sont contenues dans le FRR, et même avec un prix plus bas du pétrole tel qu'il a été prévu dans la loi de finances (le prix de marché est fixé à 90 dollars), le FRR peut amortir le déficit et colmater les failles.». S. B.