“Il y aura des crises de liquidités qui vont toucher les banques et les crédits seront donc difficiles à obtenir”, dira l'expert international devant les députés. “C'est du domaine du rêve de dire que la crise financière sera sans conséquences sur l'Algérie. C'est une vérité, et il est certain que cette crise financière mondiale aura des répercussions sur notre économie de façon directe ou indirecte, le problème est seulement de savoir à quel degré cette crise nous touchera.” C'est ce qu'a déclaré, hier en substance, le professeur Abdel Attou, expert et consultant international, MSC Berkeley-Dphil, Oxford, UK, à l'occasion d'une conférence qu'il a animée à l'assemblée populaire nationale (APN) autour d'une thématique portant sur les incertitudes des marchés financiers mondiaux et les impacts sur l'économie de l'Algérie et de ses finances. “Il y aura des crises de liquidités qui vont toucher les banques et les crédits seront donc difficiles à obtenir”, dira l'expert international devant les députés. Il s'agit du premier impact que décrit l'hôte de la chambre basse du parlement. L'autre impact sur l'économie algérienne est en rapport avec la chute du prix du pétrole, note l'expert international : “cette crise financière est tombée dans un mauvais moment pour l'Algérie qui a de grands projets d'investissements à cause des prix du baril du pétrole qui chutent. nous avons une économie fortement dépendante des hydrocarbures, c'est donc tout à fait normal qu'on soit affecté par cette crise où les prix du baril du pétrole sont en baisse.” Interrogé sur les remèdes à apporter à cette crise et aux anticipations nécessaires devant prémunir l'Algérie contre les conséquences de cette crise, l'orateur notera qu'“il n'y a pas de solutions magiques à la crise, il faut s'assurer que l'endettement des ménages ne devient pas exorbitant, il faut que les gens soient responsables et prudents et que les gouvernants fassent attention au surendettement”, explique-t-il. Dans le même temps, l'intervenant préconise que l'Etat joue pleinement son rôle de régulateur. La réforme du système financier algérien est également recommandée. “le système financier, c'est l'équivalent du sang de l'économie nationale, c'est pour cela que les banques doivent jouer pleinement leur rôle”, explique-t-il. Sur cette question, il notera que “nos banques ont leurs réseaux et des liquidités, il faut seulement savoir gérer, contrôler et se doter d'une économie de services”. Dans le même temps, l'expert recommandera l'impératif d'engager une véritable réflexion sur la question : “il faut avoir des centres et des laboratoires de réflexion pour anticiper sur les choses et prendre des décisions appropriées aux situations.” “Il faut que l'Algérie se fasse entendre dans les nouvelles structures mondiales et participe à l'architecture mondiale financière qui se dessine”, dit-il avant de noter que “quand on rentre dans ces organisations, on peut avoir une influence et défendre nos positions, et donc nos intérêts. Il faut que l'Algérie sache se vendre et ait son mot à dire au moins en tant qu'observateur”. Et de noter : “Quand on gère un pays, on ne peut pas penser à son avenir dans un an, il faut avoir une vision globale et sur 30 ans.” L'expert recommandera également une diversification de l'économie nationale pour dépendre de moins en moins des hydrocarbures. À cet égard, il recommandera de donner une plus grande importance à l'agriculture : “il est très important que l'agriculture soit valorisée dans notre pays et c'est une erreur monumentale de la négliger”, note-t-il. Quoi qu'il en soit pour M. Attou, il s'agit pour l'Algérie “d'avoir son propre modèle économique en tirant les leçons de la crise actuelle”. Interrogé, par ailleurs, sur le rôle des fonds souverains en Algérie, l'orateur expliquera qu'il s'agit de “fonds spécialisés pour lesquels il faut savoir à quels objectifs il faut les destiner”. NADIA MELLAL B.