La tension ne diminue pas entre Washington et Téhéran. Les menaces occidentales contre l'Iran et la rhétorique iranienne esquissent la menace d'un conflit entre les deux pires ennemis. Au centre de cette nouvelle crise, la menace de fermeture du détroit d'Ormuz, dans le golfe Persique, par lequel transite 40% du trafic maritime pétrolier mondial. En réponse aux menaces américaines d'interdire les exportations de pétrole d'Iran et les nouvelles sanctions que compte lui imposer l'Union européenne, Téhéran a testé, hier, au dernier jour d'une série de manœuvres navales dans la région du détroit, deux missiles de croisière, que la République islamique affirme être en mesure de fermer en cas de sanctions. L'embargo américain sur le pétrole iranien s'apparente indéniablement à un acte de guerre. Les spécialistes de la région estiment, toutefois, que, «la phase actuelle d'escalade entre les deux pays demeure en grande partie verbale et pourrait, au pire, prendre la dimension d'une confrontation militaire limitée, comme lors de la guerre des tankers». Personne ne croit que Téhéran pourrait mettre à exécution leur menace de fermer le détroit d'Ormuz en représailles. Aucun des deux camps, affirme-t-on, n'a intérêt à bloquer le détroit.A l'origine du bras de fer, la volonté occidentale d'empêcher l'Iran de développer son programme nucléaire. Militaire, affirme les puissances occidentales. Nucléaire civile, se défend Téhéran. Depuis 2005, et les rapports de l'agence de l'Aiea, les Occidentaux multiplient les sanctions contre la République islamique. Celle-ci n'a haussé le ton réellement que lorsqu'elle a vu ses exportations en hydrocarbures menacées. Second pays membre de l'Opep, l'Iran tire 80% de ses rentrées en devises de ses exportations pétrolières. Les exercices maritimes d'hier et les tests de missiles interviennent au moment où Américains et Européens menacent d'adopter des sanctions contre les exportations pétrolières de l'Iran pour l'amener à céder sur son programme nucléaire. La France a jugé les tests effectués hier comme «mauvais signal adressé à la communauté internationale». «Nous rappelons que le développement par l'Iran d'un programme balistique constitue un motif de grande inquiétude pour la communauté internationale», a déclaré Bernard Valero, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères. Les Etats-Unis ont critiqué, rappelons-le, ces derniers jours le «comportement irrationnel de l'Iran» et affirmé qu'«aucune perturbation du trafic maritime dans le détroit d'Ormuz ne serait tolérée». Le président américain Barack Obama a promulgué la loi sur le financement du Pentagone qui renforce les sanctions contre le secteur financier de l'Iran, notamment la Banque centrale, dans le but de contraindre ce pays à abandonner son programme nucléaire. Le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a assuré, pour sa part, que la Banque centrale iranienne réagirait avec «force» aux sanctions américaines. La Banque centrale peut faire face «aux pressions des ennemis» et «doit, avec force et confiance, avoir la solidité d'éliminer tous les complots des ennemis». Cependant, le rial iranien a continué hier, sa baisse face au dollar passant à 17 000 rials pour un dollar, soit une baisse de plus de 60% de la valeur de la monnaie iranienne depuis un an. G. H./Agences