Photo : Riad Par Hasna Yacoub L'ancien président de l'Observatoire national des droits de l'Homme, M. Rezzag Bara, a plaidé hier à Alger pour la commutation des peines capitales gelées en peines privatives de liberté. M. Bara, qui intervenait en marge de la journée d'étude sur les personnes privées de liberté, organisée par la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH), à l'occasion du 60ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme, a indiqué que «la peine capitale, dont l'exécution a été gelée sur décision prise en 1993 par la Commission nationale du dialogue, gagnerait à être commuée en peine privative de liberté». Tout en précisant qu'il s'agit d'une position personnelle, en sa qualité de militant des droits de l'Homme, il a appelé aussi à la suppression des quartiers des condamnés à mort, «pour ne pas isoler ces derniers du reste de la population carcérale». Il a relevé à cet égard que les infractions passibles de la peine de mort ont été «diminuées à moins de dix» par la législation algérienne en vigueur. Par ailleurs, M. Bara a plaidé pour «une sorte de mixité» dans les peines, faisant qu'une partie de la peine soit consacrée à «des travaux d'intérêt général», a-t-il précisé. Ces travaux d'intérêt général constituent une préparation à la réinsertion une fois le détenu libéré, a-t-il argué. Il est à rappeler que Me Farouk Ksentini, le président de la CNCPPDH, a appelé à maintes reprises à l'abolition de la peine de mort, affirmant qu'un projet de loi en ce sens était en examen depuis plusieurs mois au ministère de la Justice, et retardé seulement par quelques ultimes résistances. Selon Me Ksentini, l'abolition de la peine de mort «s'impose d'urgence et s'avère une étape essentielle vers la constitution d'un État de droit et la réalisation du processus de réforme de la justice». «La peine capitale est totalement absurde et n'a aucun effet dissuasif sur le phénomène de la criminalité», a souvent répété Me Ksentini. Par ailleurs et sur les conditions d'incarcération, la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme a constaté des «améliorations substantielles» dans les prisons algériennes, selon M. Farouk Ksentini qui a fait état de visites inopinées opérées récemment par la commission au niveau de plusieurs établissements pénitentiaires. «Ces administrations doivent poursuivre leurs efforts dans ce sens», a ajouté Me Ksentini sans manquer, dans ce contexte, de déplorer l'attitude du Haut-Commissariat aux droits de l'Homme des Nations unies qui, a-t-il dit, n'a pas répondu favorablement aux invitations de la CNCPPDH d'effectuer des visites sur le terrain et de s'informer de la situation de la population carcérale en Algérie. Tout en soulignant le processus de démocratisation en cours en Algérie, Me Ksentini a dénoncé les «préjugés» que nourrissent certains responsables du Haut-Commissariat à son égard. Evoquant, enfin, la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, M. Ksentini a réitéré sa conviction qu'«il s'agit du meilleur choix pour le peuple algérien». «Le but essentiel de ce texte a été atteint avec le retour de la paix civile», a-t-il affirmé, ajoutant qu'«'il ne faut pas oublier les 10 années de violence vécues par le peuple algérien».