Ksentini a indiqué que le rapport annuel des droits de l'homme en Algérie sera rendu public avant mars 2008. «La Charte pour la paix et la réconciliation nationale a réalisé l'essentiel des objectifs pour lesquels elle a été élaborée». C'est en ces termes que s'est exprimé le conseiller du président de la République, M.Kamel Rezzag Bara, hier à Alger, lors de la Journée d'étude sur les droits de l'homme en Algérie. M.Rezzag Bara a indiqué que les dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale «garantissent les droits à toutes les parties concernées par la tragédie nationale qu'a traversée le pays». De ce fait, le conseiller auprès du président de la République estime que «dans le cadre de l'application desdites dispositions, aucune partie n'a été favorisée au détriment d'une autre. La réconciliation n'épargnera personne». Ceci a conduit M.Rezzag Bara à lancer le concept de «Justice transitoire». Un concept d'autant plus compliqué qu'il laisse pantois les observateurs de l'évolution de la situation des droits de l'homme en Algérie. Que signifie la justice transitoire? Quelle dimension devra-t-on lui donner? S'agit-il de cette justice appliquée dans des pays comme l'Argentine, l'Afrique du Sud, ou dans d'autres pays ayant vécu un drame similaire à celui vécu par l'Algérie? Mais apparemment, dans la bouche de Rezzag Bara ce concept signifie «la reconnaissance collective des erreurs commises par le passé pour regarder ensuite vers l'avenir, et, enfin, jouir pleinement de sa citoyenneté dans le respect de la diversité et de la multiplicité». Il est bon de souligner que dans les pays ayant connu la même tragédie que celle vécue par l'Algérie, le président de la République n'a pas hésité à demander des excuses à son peuple. «Nous ne sommes par contre, le cas échéant, que le président demande des excuses. Mais, il faut cependant se poser la question: qui demandera des excuses, auprès de qui, et pourquoi?» se demande Kamel Rezzag Bara. Pour lui, l'idée de l'élaboration de la commission «vérité et justice», avant de procéder à la concrétisation du projet de la réconciliation nationale, comme cela a été prôné par certains partis politiques algériens, à l'exemple du PT, du FFS et du RCD, ne conduit pas nécessairement au rétablissement de la paix. L'intervenant laisse entendre, en outre, que le drame qu'a vécu l'Algérie ne nécessite pas d'être traité forcément comme cela a été ailleurs. Façon comme une autre, de dire que les crises que vivent les peuples ne sont pas des sciences exactes où aux mêmes symptômes, on préconise les mêmes remèdes. Les observateurs avertis, estiment que les propos du conseiller auprès du président de la République peuvent être compris comme une réponse aux différentes ONG internationales, à l'instar de Transparency international et Freedom House qui ont vertement critiqué l'Algérie sur sa mauvaise gestion de la situation sécuritaire. «La Charte pour la paix n'a que quatre ans. C'est un projet ambitieux, qui s'inscrit dans la durée et qui est, de surcroît, susceptible de mener le pays à bon port. Il faut laisser les choses évoluer avec le temps» s'exclame Rezzag Bara. Par ailleurs, interrogé en marge de cette journée d'étude à propos de la situation des droits de l'homme en Algérie, le président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (Cncppdh), Farouk Ksentini a indiqué que «la situation va de mieux en mieux, seulement il faut que l'Etat penche sérieusement sur les droits sociaux des citoyens». C'est, en effet, en garantissant leurs droits sociaux fondamentaux, comme le droit au logement, que tout un chacun prend conscience du concept de la citoyenneté. Me Ksentini a indiqué, par ailleurs, que son organisme rendra public le rapport annuel sur la situation des droits de l'homme en Algérie, au plus tard, le mois de mars 2008. Au sujet des Algériens détenus dans le camp de Guantanamo, Farouk Ksentini a indiqué qu'ils «seront libérables sous peu, d'autant plus que le président américain, George W.Bush a décidé de fermer définitivement ce camp». A la question de savoir si ces détenus pourront rejoindre l'Algérie, le président de la Cncppdh se veut affirmatif: «Après leur libération, ils auront le choix, ou rentrer au pays ou aller ailleurs».