Propos recueillis par Bahia Aliouche La Tribune: Sous instruction du Président Abdelaziz Bouteflika, une concertation nationale sur le développement local a été tenue cette année, afin de définir les objectifs d'un meilleur développement local et les adopter aux attentes de la population. Comment évaluez-vous cette initiative? M. Naït Abdelaziz: Le travail de proximité est censé être le fil conducteur entre l'administration et les citoyens. Toutefois, les liens de proximité entre ces deux parties sont rompus pour diverses raisons. Il s'agit, entre autres, de la décennie noire. Une période durant laquelle la défaillance de l'administration locale en matière de couverture de la demande sociale s'est accentuée, engendrant ainsi un retard considérable en matière de développement territorial. La première démarche de M. Abdelaziz Bouteflika, après sa nomination à la tête de l'Etat en 1999, consistait à lancer des réformes institutionnelles. Une priorité majeure pour préserver les institutions de l'Etat. Et ce n'est qu'au deuxième programme quinquennal (2004-2009), que les actions de l'Etat ont été particulièrement orientées vers les grands projets d'infrastructures socio-économiques, ainsi que le désenclavement des zones rurales. La consolidation de ces programmes de réaménagement des collectivités a, en 2011, fait l'objet d'un intérêt particulier du chef de l'Etat. En effet, le Président Bouteflika a confié au Conseil national économique et social (CNES), la mission d'animer la concertation nationale sur le développement local, avec le plein concours du gouvernement, des collectivités locales et des compétences représentatives de la population. Une initiative à féliciter, dans la mesure où elle permettra l'instauration d'un dialogue permanent entre les gouverneurs et les gouvernés. Toutefois, la concrétisation de cet objectif devra être accélérée, et ce, afin d'atteindre une décentralisation socio- économique et répondre aux attentes de la population.
Quelles sont les potentialités du développement socio- économique des zones intérieures du pays? Et quelles sont les actions à entreprendre pour une meilleure valorisation de ces potentialités? Il est important de rappeler que les zones intérieures du pays ont particulièrement souffert de la décennie noire et les conditions de vie de leurs populations se sont dangereusement effondrées. Ceci a valu un exode rural massif et un abondant des activités économiques et vivrières. De ce fait, le retour de ces populations vers les sites d'origine nécessite la création d'opportunités d'insertion socio-économique. Et ce, en donnant aux populations la possibilité de faire valoir les propres ressources (agriculture, élevage, artisanat, sites touristiques, etc.) Ceci permettrait de créer des emplois permanents et, partant, atteindre un développement durable. Il est, également, nécessaire d'adapter les plans de développement en fonction des régions. Autrement dit, une spécialisation économique des régions, en fonction de leurs potentialités, est plus que nécessaire.
La concertation nationale sur le développement local a dégagé des recommandations appropriées à même de concourir à la bonne gouvernance des collectivités locales ainsi que celle des relations entre l'administration et le citoyen. Ces objectifs sont-ils réalisables? La détérioration des relations entre l'administration et le citoyen continue de s'accentuer. De ce fait, la gouvernance territoriale et l'amélioration des pratiques de gouvernance, sur la base des attentes des acteurs locaux et des parties prenantes du développement local, constituent les pierres angulaires du nouveau projet de société. Nous sommes à la veille d'un changement politique, de ce fait, le renforcement de la confiance entre l'administration et les citoyens et la consolidation des liens de réciprocité sont impératifs pour réaliser un développement local durable. Ces actions sont réalisables et faciles à mettre en place, pour peu qu'il y ait une réelle volonté politique.
Que doivent faire les pouvoirs publics pour engager les jeunes et les responsabiliser davantage ? Et quel est le rôle de la jeunesse dans le développement local ? La faiblesse de la démarche administrative en direction de la jeunesse est reconnue, et ce, en dépit des efforts considérables de l'Etat en faveur de cette catégorie de la population dans différents domaines notamment celui du travail. La définition d'une politique nationale de la jeunesse traduit à un besoin d'évaluation des retombées réelles des politiques menées en direction des jeunes au cours de ces dernières années. Les attentes des jeunes sont multiples, entre autres l'accès à l'emploi. Toutefois, ces jeunes doivent s'organiser davantage afin d'arracher leurs droits et accomplir leurs devoirs. Et ce, en s'engageant pleinement dans le monde socioprofessionnel et en accordant de l'importance aux métiers. Ceci permettrait de répondre aux besoins du pays en main-d'œuvre. La contribution des compétences algériennes résidant à l'étranger dans le développement local est indispensable. Qu'en dites-vous? Certes, le pays a besoin de ses cadres pour booster sa croissance économique, toutefois, des actions concrètes devront être menées pour encourager ces compétences à mettre leur savoir-faire au service de l'Algérie en général et des zones intérieures, en particulier.
Quelles sont les actions devant accompagner la concertation nationale sur le développement local, pour diminuer l'écart entre le nord et le sud du pays? La volonté d'instaurer une concertation nationale sur le développement local existe. Néanmoins, des actions devront être dégagées pour atteindre un développement local durable. Il s'agit d'accélérer la concrétisation des recommandations issues des assises nationales sur le développement local. Il est, également, question de privilégier une vision à moyen et long terme dans la prise en charge de la demande sociale. Je pense que le chef de l'Etat et son gouvernement vont s'atteler, réellement, à mettre en oeuvre ces recommandations, pour répondre aux attentes de la population des zones locales.