De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi
La wilaya de Constantine vit au rythme de ses grands projets structurants depuis quelques années. Tramway, tronçon de l'autoroute Est-Ouest, viaduc Transrhumel, alimentation en eau potable, sans omettre le grand parc immobilier en cours de réalisation au chef-lieu et dans les zones rurales. Un programme important qui devrait mettre la capitale de l'Est sur la voie du développement local et régional. Mais la ville demeure un éternel chantier en raison des projets en retard en dépit des délais de réalisation accordés dès l'engagement initial et jugés largement suffisant pour mener le projet à son terme. Le tramway est l'exemple le plus éloquent de cette lenteur. Quant aux causes des prolongements des délais de livraison, chaque responsable a sa collection d'alibis à faire valoir pour chaque étape du projet qui accuserait des retards. Ainsi, pour le tramway, dès le lancement de ce méga chantier, on évoquera des problèmes techniques liés à la nature du sol et à la topographie de la ville. Mais on ne s'arrête pas là. La trémie jouxtant la grande mosquée Emir Abdelkader sera cet autre problème qui suscitera un grand débat quant à sa démolition ou son maintien pour faciliter le tracé du tramway. Là, une question s'impose : L'étude technique du projet a-t-elle pris en considération ces difficultés ? Si oui, pourquoi n'en parler alors qu'à ce stade de l'avancement du projet ? Dans le cas contraire, la question se posera sur le choix du bureau d'étude. Quelle qu'en soit la réponse, le fait est qu'aujourd'hui on se retrouve avec tout un remue-ménage alors que les mois s'égrènent sans que la livraison du chantier ne soit efectuée . La récente visite du ministre des Transports, Amar Tou, a permis de connaître le taux d'avancement des travaux jugé moyen, ainsi que l'approbation financière du relais Zouaghi (nouvelle ville, évoqué dans nos précédentes éditions). A l'occasion, les écueils qui ont retardé ce projet ont été abordés dont les remous sur le chantier avec des grèves récurrentes des travailleurs et la complexité des paramètres techniques. Quoi qu'il en soit, la tutelle a affiché un satisfecit global sur le tramway, même s'il faut encore patienter quelques mois avant de le voir rouler. Universitaires et habitants de Zouaghi devraient tirer, en premier, profit des rames en attendant l'extension du tramway à la nouvelle ville Ali Mendjeli où la population va croissant.S'agissant du secteur des travaux publics, il convient de signaler que les travaux sur le tronçon de l'autoroute Est-Ouest de Constantine sont également ralentis. En effet, le tunnel T1 de Djebel El Ouahch pose beaucoup de problèmes aux ingénieurs et gêne l'avancement. Le risque de glissement de terrain qui y est détecté complique le perçage et par ricochet diffère la livraison du tronçon, pourtant promise en décembre 2011, selon la Direction régionale de l'agence nationale de l'autoroute. «C'est la partie la plus difficile sur le tronçon Est de ce grand projet national», estiment les techniciens et ingénieurs sur le chantier qui indiquent que pour stabiliser le sol, des techniques «sophistiquées» y étaient adoptées.S'étalant sur 1 900 mètres, le tunnel devrait voir s' ouvrir une de ses parties, mais rien n'a été confirmé pour l'heure. Alors qu'en matière d'œuvre d'art, le viaduc, d'une longueur de 35 mètres au niveau de la commune de Didouche Mourad sur Oued Amri (complétant le tracé du tronçon Est de l'autoroute), a été renforcé. A 52 mètres de hauteur, l'ouvrage est le plus haut viaduc de l'autoroute Est-Ouest. Sa livraison est attendue pour les prochains jours… Au même chapitre, le creusage du tunnel d'El Kentour, long de 2 500 mètres, avance considérablement, car, sur ce chantier, les équipes techniques n'ont pas rencontré les difficultés auxquelles font face leur collègues à djebel Ouahch.Ainsi, sur les 65 Km du tronçon Est, seulement 35 km ont été achevés. Il s'agit du linéaire reliant Aïn Smara à El Merridj. Le reste, c'est-à-dire 30 km, englobe les deux tunnels susmentionnés et les ouvrages d'art. Il faut savoir que la partie Est de l'autoroute s'étend sur prés de 399 Km, avec un important nombre d'ouvrages d'art, soit 190 au total, englobant 11 viaducs et 5 tunnels. Une fois le tronçon réceptionné, la tension sur les axes routiers traditionnels s'apaisera, notamment en ce qui concerne le trafic des poids lourds qui transitent en masse au quotidien, à proximité de la gare ferroviaire et au niveau des chalets des pins, rendant la circulation difficile et contraignante pour les usagers automobiles. De surcroît, l'ouverture des tunnels de Djebel Ouahch et d'El Kentour permettra une fluidification des déplacements vers les communes et wilayas limitrophes dont Skikda, Annaba et Taref. Mais c'est n'est pas demain qu'on roulera aisément à l'Est. Car la finalisation de tous ces projets requiert encore quelques mois, si les délais ne sont pas prolongés, comme ils l'ont déjà été à plusieurs reprises. L'alimentation en continu, un projet sur papier S'agissant de l'alimentation H24 en eau potable, promise il y a plusieurs années, comme le reste des projets, elle aussi tarde à se matérialiser. Et les ménages à Constantine et dans les localités voisines continuent de s'approvisionner comme ils peuvent en gardant un œil sur les robinets au cas où ils se décideraient enfin à justifier leur existence. La promesse d'apporter l'eau aux maisons à satiété et 24h/24 a encore été réitérée en octobre dernier par le responsable de la ville. Il a été question d'examiner les points névralgiques qui causent la déperdition des eaux partout dans les communes, ce qui devait se traduire par une alimentation normale de la population par le truchement des services compétents, Seaco et hydraulique. Toutefois, les infiltrations persistent et les coupures d'eau sans avis préalable sont toujours en vigueur, pénalisant des cités et des quartiers entiers. Le plan de travail proposé par le wali aux services de l'hydraulique, en octobre dernier, ne semble pas être entré en service. «L'efficience de la prise en charge des réseaux, la célérité ainsi que la qualité des interventions sont les conditions exigées et auxquelles la Seaco qui chapeautera l'opération doit veiller», soutiennent les autorités locales. Ces conditions n'ont pas encore été satisfaites intégralement, preuve en est des infiltrations sont toujours signalées, et les coupures d'eau se manifestent couramment. Faudra-t-il accorder du temps aux intervenants du secteur pour peaufiner leur plan d'action en vue d'entériner les directives du wali ?Le programme de la Direction de l'hydraulique durant l'année dernière totalise 48 opérations moyennant 11,37 MDA. Parmi ce lot figurent «33 projets en cours de réalisation, inscrits au titre de l'année 2010. Le montant des opérations atteint 8MDA», souligne un responsable de la wilaya ajoutant qu'il reste 15 chantiers du programme de 2011 d'un coût de 3,48 MDA. L'essentiel du programme de développement du secteur est destiné aux projets de raccordement au réseau d'eau potable (AEP) et d'assainissement. Et les zones rurales ne sont pas en reste dans ces interventions. La localité d'el Merridj (dépendant de la municipalité du Khroub) visitée par le wali, il y a presque une année, devra bénéficier d'un château d'eau d'une capacité de 2 000 m3. En outre, des travaux de rénovation des réseaux d'AEP sont programmés à E Guerrah, Ouled Rahmoune. En parallèle, des assainissements seront lancés prochainement à Beni Mestina, Sidi Arab et Ksar El Kellal.